OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 [Carte] Les collaborations scientifiques dans le monde http://owni.fr/2011/06/06/carte-des-collaborations-scientifiques-a-travers-le-monde/ http://owni.fr/2011/06/06/carte-des-collaborations-scientifiques-a-travers-le-monde/#comments Mon, 06 Jun 2011 14:00:35 +0000 Olivier H. Beauchesne http://owni.fr/?p=66460
Article publié sur OWNISciences sous le titre, Carte des collaborations scientifiques à travers le monde


J’ai été très impressionné par la “friendship map” réalisée par Paul Butler, stagiaire chez Facebook, et j’ai réalisé que j’avais accès à un jeu de données similaire. Plutôt qu’une base de données sur l’amitié, j’en avais une sur les les collaborations scientifiques.

Mon employeur, Science-Metrix, est une entreprise d’évaluation biblométrique. En d’autres mots, nous concevons des moyens de mesurer l’impact et la croissance des découvertes (et publications) scientifiques. Pour cela, nous demandons l’autorisation de réutiliser les données des agrégateurs de revues scientifiques comme “Elsevier’s Scopus” ou “Thompson Reuter’s Web of Science“. Les données que nous avons sont les données bibliographiques accessibles à tous. Nous ne disposons pas des versions complètes des textes, mais plutôt des citations, des auteurs et de leurs affiliations, des résumés, etc.

Grâce à ces données, j’ai pu extraire et agréger les différentes collaborations scientifiques entre villes à travers le monde. Par exemple, si un chercheur de l’université de Los Angeles en Californie (UCLA) publie un article avec un collègue de l’université de Tokyo, cela créé une collaboration entre Los Angeles et Tokyo. Le résultat de ce processus est une très longue liste de villes classées par paires, comme Los Angeles-Tokyo, et le nombre de collaborations scientifiques entre celles-ci. J’ai ensuite utilisé la base de données geoname.org pour convertir les noms des villes en coordonnées géographiques.

Les étapes suivantes sont les mêmes que celles de la “friendship map” de Facebook. J’ai projeté les coordonnées géographiques sur la carte grâce à une projection de Mercator, puis j’ai utilisé l’algorithme Great Circle[en] pour tracer les lignes des collaborations entre les différentes villes. La luminosité de ces lignes varie en fonction du logarithme du nombre de collaborations entre deux villes et du logarithme de la distance entre ces deux villes.

Une carte très haute résolution et zoomable est disponible à cette adresse : http://collabo.olihb.com/.


Article initialement publié sur “Stuff I Made“.

Traduction par Pierre Ropert.

Merci à Olivier Laffargue

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Carte des collaborations scientifiques à travers le monde http://owni.fr/2011/06/03/la-carte-des-collaborations-scientifiques-a-travers-le-monde/ http://owni.fr/2011/06/03/la-carte-des-collaborations-scientifiques-a-travers-le-monde/#comments Fri, 03 Jun 2011 11:19:28 +0000 Olivier H. Beauchesne http://owni.fr/?p=35073 J’ai été très impressionné par la “friendship map” réalisée par Paul Butler, stagiaire chez Facebook, et j’ai réalisé que j’avais accès à un jeu de données similaire. Plutôt qu’une base de données sur l’amitié, j’en avais une sur les les collaborations scientifiques.

Mon employeur, Science-Metrix, est une entreprise d’évaluation biblométrique. En d’autres mots, nous concevons des moyens de mesurer l’impact et la croissance des découvertes (et publications) scientifiques. Pour cela, nous demandons l’autorisation de réutiliser les données des agrégateurs de revues scientifiques comme “Elsevier’s Scopus” ou “Thompson Reuter’s Web of Science“. Les données que nous avons sont les données bibliographiques accessibles à tous. Nous ne disposons pas des versions complètes des textes, mais plutôt des citations, des auteurs et de leurs affiliations, des résumés, etc.

Grâce à ces données, j’ai pu extraire et agréger les différentes collaborations scientifiques entre villes à travers le monde. Par exemple, si un chercheur de l’université de Los Angeles en Californie (UCLA) publie un article avec un collègue de l’université de Tokyo, cela créé une collaboration entre Los Angeles et Tokyo. Le résultat de ce processus est une très longue liste de villes classées par paires, comme Los Angeles-Tokyo, et le nombre de collaborations scientifiques entre celles-ci. J’ai ensuite utilisé la base de données geoname.org pour convertir les noms des villes en coordonnées géographiques.

Les étapes suivantes sont les mêmes que celles de la “friendship map” de Facebook. J’ai projeté les coordonnées géographiques sur la carte grâce à une projection de Mercator, puis j’ai utilisé l’algorithme Great Circle[en] pour tracer les lignes des collaborations entre les différentes villes. La luminosité de ces lignes varie en fonction du logarithme du nombre de collaborations entre deux villes et du logarithme de la distance entre ces deux villes.

Une carte très haute résolution et zoomable est disponible à cette adresse : http://collabo.olihb.com/.


Article initialement publié sur “Stuff I Made“.

Traduction par Pierre Ropert.

Merci à Olivier Laffargue

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Tout est prêt pour le changement http://owni.fr/2011/04/16/democratie-internet-changement/ http://owni.fr/2011/04/16/democratie-internet-changement/#comments Sat, 16 Apr 2011 14:06:21 +0000 Laurent Chambon http://owni.fr/?p=56885 Depuis que je suis rentré de la conférence Lift qui a eu lieu à Genève début février, ça cogite sérieux. Des intuitions ou des remarques que je pensais réservées aux quelques piliers de Minorités se sont révélées partagées par de nombreuses personnes de différents horizons et nationalités. Les révolutions en Tunisie et en Égypte venaient juste de commencer. Au bout que quelques heures de conférence, on a senti une forme d’excitation assez spéciale : les choses sont en train de changer, on est en plein dedans, et on ne sait pas trop où on va. Plutôt que d’attendre encore quelque mois que ça décante encore un peu, j’ai préféré vous livrer quelques impressions, quitte à revenir dessus plus tard.

Avec les révolutions arabes en cours et la présence toujours plus importante d’Internet dans nos vies, la question de la réalité de la démocratie se pose avec acuité. Malgré les différentes poussées lepénistes, les histoires de corruption ou la politique des copains, les différents systèmes politiques occidentaux n’étaient en concurrence avec personne, tout simplement parce qu’ils étaient les plus démocratiques de la planète. Un système politique américain au service des plus riches est toujours plus démocratique que le système Ben Ali. Une politique française au garde-à-vous pour Areva et Bouygues est toujours plus démocratique qu’une République Islamique d’Iran violemment dictatoriale ou une Côte d’Ivoire en découverte de charniers. Les abus de biens sociaux, le choix du nucléaire sans référendum, les bavures policières, ce n’est rien par rapport à Haïti, la Biélorussie ou la Birmanie.

Mais voilà. Déjà, les Syriens ou les Yéménites ont le courage d’aller manifester alors que les forces de l’ordre tirent à balles réelles. Les Tunisiens ont renversé leur tyran, les Égyptiens essayent tant bien que mal de faire le ménage dans leurs institutions.

En plus, on n’est plus au temps de l’ORTF. Non seulement il y a Al Jazeera, mais il y a Internet. Et pas seulement pour Twitter ou se faire des rendez-vous citoyens avec Facebook : on peut y télécharger gratuitement les classiques du monde entier, Wikipedia a des centaines de milliers d’entrées qui sont plus complètes et plus affinées à chaque modification, on peut y lire des milliers de journaux gratuits et les blogs d’autres gens comme nous à l’autre bout de la planète.

Plus important que les réseaux sociaux, il y a Skype (Gtalk, Facetime, etc.) qui permet de se parler en vidéoconférence sans avoir à débourser des milliers d’euros pour un aller-retour sur un autre continent, mais surtout il y a des machines à traduire, parfois montées directement dans le navigateur (Chrome me propose systématiquement de traduire les pages qui ne sont pas dans mes langues habituelles). C’est souvent doté d’une syntaxe bancale, mais cela permet de comprendre l’essentiel au-delà des différents alphabets et systèmes grammaticaux. On est arrivé à quelque chose de jamais vu : je peux suivre les lectures de mon collègue et ami Motomitsu qu’il commente en japonais, en direct, sans savoir lire le japonais. Incroyable mais vrai: on peut être tous sous-titrés dans n’importe quelle langue, même en yiddish ou en thaï, gratuitement et instantanément.

Même si je trouve qu’ils exagèrent parfois un petit peu, Don Tapscott et Anthony Williams ont bien saisi le changement majeur que représente Internet. Dans Macrowikonomics, Rebooting Business and the World, ils expliquent que nous sommes en train de vivre une révolution technologique majeure qui va forcément avoir des conséquences sur les systèmes politiques. Pour eux, la dernière grande révolution qui a changé l’humanité n’est pas l’électricité ou la bagnole, c’est l’imprimerie. Le développement de l’imprimerie a eu des conséquences énormes sur l’ensemble de l’humanité. On se moque parfois d’Emmanuel Todd et de son obsession pour les taux d’alphabétisation, mais il est justement totalement sur le sujet : l’accès à l’éducation, savoir lire et compter, permet aux humains de s’émanciper, de planifier leur famille et de se projeter dans l’avenir, y compris politiquement. C’est la voie la plus rapide vers la démocratie, tout simplement parce que tous les autres régimes deviennent intolérables. L’imprimerie a été un facteur essentiel de développement et a débouché, justement, sur les démocraties représentatives.

Pour aller vite, les démocraties représentatives se sont imposées en Occident puis sur tous les continents parce qu’il s’agit du régime le moins insupportable, étant donné l’état de nos technologies (à savoir l’imprimerie).

L’apprentissage, mais massif

Avec Internet, on passe à un niveau différent. Alors que le coût de l’imprimerie était incroyablement bas par rapport à celui des moines copistes, le coût d’Internet est encore plus bas. Une fois qu’on est équipé et relié, le coût est proche de zéro. La preuve, la plupart des journaux se demandent comment ils vont survivre à cette violente baisse des prix. L’écrit ne coûte plus rien à diffuser, et même la musique et la vidéo peuvent être distribuées à des coûts proches de zéro. Le modèle économique de plusieurs industries est mis à mal par ces coûts très faibles, c’est évident, et Tapscott et Williams ne m’ont pas convaincu avec leur nouveau modèle de collaboration de masse et de partage créatif généralisé.

Pour s’épanouir, s’émanciper, comprendre le monde qui l’entoure, acquérir des techniques pour améliorer sa vie, l’humain a besoin du travail que d’autres ont réalisé avant lui. C’est pour ça qu’on apprend toute son enfance et une grande partie de sa vie adulte. La force de l’imprimerie aura été d’apporter des manuels et des traités à ceux qui font l’effort de les lire, pour qu’ils n’aient pas à redécouvrir continuellement ce que les autres ont découvert avant eux. Avec Internet, cet accès est devenu non seulement quasiment gratuit, mais la diffusion se fait dans de plus en plus de langues, et on peut aussi entrer directement en contact avec ceux qui s’essayent ou se sont essayés aux mêmes découvertes, même s’ils habitent à l’autre bout de la planète. On accède à tous les manuels, et on peut parler à ceux qui les ont écrit, en gros. Les suivre en vidéo, répondre avec les nôtres, et améliorer le tout en temps réel.

L’apprentissage, malheureusement pour les dictateurs, c’est aussi celui des libertés personnelles et collectives.

Avec une population mondiale de plus en plus éduquée, qui a accès aux œuvres des plus grands auteurs du monde entier dans leur langue maternelle sans censure, une population jeune qui communique au-delà des origines, des orientations sexuelles, des genres et des classes sociales, on entre dans une ère nouvelle.

Comme l’a expliqué Ben Hammersley à la conférence Lift, alors que les anciennes générations savaient se situer dans les frontières d’un pays, mais aussi au sein de la pyramide sociale (il y a des gens au-dessus, et des gens au-dessous), les nouvelles générations ont grandi sans vraiment comprendre en quoi une frontière représente le début de ce qui est loin, vu que tout est finalement très près vu d’Internet. Surtout, la hiérarchie sur Internet est loin d’être évidente: tout le monde peut participer, être richissime ne couvre pas votre page Facebook d’or et de diamants, elle est blanche et bleue comme celle des autres. Même si vous êtes extrêmement influent ou avez du sang bleu, vos tweets n’ont pas plus de caractères que ceux des autres. Dur.

Bref, sans forcément gommer les différences, Internet les aplanit. L’idée d’égalité est tellement évidente aux jeunes générations que Hammersley demande à la génération intermédiaire, les 25-45 ans, les non-natifs d’Internet mais néanmoins e-alphabétisés, d’éduquer les vieux au pouvoir et de leur expliquer que les dictatures, aussi bien au travail qu’en politique, ça ne va plus le faire.

Collaboratif = Démocratie

Une des pistes intéressantes proposées par Tapscott et Williams, c’est le collaboratif. Le wiki a fait ses preuves avec Wikipedia, mais est aussi de plus en plus utilisé en interne, pour gérer correctement le collaboratif. Avec mon frère Babozor, nous avons été approchés par des structures politiques qui veulent justement arriver à mobiliser des citoyens dans plusieurs pays de façon assez pointue, avec des informations pas forcément faciles à trouver partout et dans toutes les langues, à un coût réduit. Je pense que ce peut être le renouveau des mouvements politiques, et ces structures semblent aussi le penser.

Il y a cinq ans, notre pauvre Ségolène nationale a essayé de faire dans le collaboratif, et a rencontré un certain succès, parce que l’idée est bonne à la base. Elle a raté son élection pour d’autres raisons, mais le ségowiki était une réussite indéniable, malgré une phase finale étonnante d’improvisation et d’un amateurisme total et chaotique. L’échec de Royal en 2007 ne doit pas nous faire croire que le modèle participatif en politique est mort. En fait, c’est plutôt le fait que Sarkozy ne le se soit pas encore approprié qui m’étonne vraiment. Ou pas. Je ne sais plus bien. Je l’imaginais plus 2.0 que ça, en fait. Au temps pour moi.

La démocratie représentative à papa est morte

Le participatif étant devenu incroyablement plus simple qu’il y a dix ans, l’équation démocratique change radicalement. Je ne suis pas du tout en état de vous dire quelle va être la forme stable des nouveaux régimes issus de la révolution Internet, avec quelles institutions et quelles pratiques, mais la démocratie représentative à papa est morte. Pour preuve, il suffit de regarder les dernières élections partout en Europe: montée des partis protestataires, et pas uniquement d’extrême droite, participation toujours plus anémique, référendums qui finissent systématiquement par un « non » …

Les peuples rêvent de sécurité collective, de développement vert, de participation collective et de libertés, et les élus promeuvent la bagnole, le néolibéralisme le plus sauvage, la compétition continuelle, la consommation effrénée, le gaspillage des ressources et la prison pour les sans-papiers. Jamais la corruption des classes dirigeantes n’a été aussi évidente, et jamais les peuples ne l’ont su avec autant de détails.

On le voit dans les pays arabes, les jeunes sont prêts à mourir pour la démocratie et la liberté. On l’a vu récemment à Tokyo, où des cortèges bruyants et festifs ont manifesté contre le nucléaire… Ça me rappelait mes premières Gay Prides au début des années 1990, avec Act Up qui avait la meilleure techno du moment et une énergie collective qui a, depuis, totalement disparu.

Tout le monde sent bien qu’on est en train de sortir d’une décennie affreuse, réactionnaire, gaspilleuse, flambeuse, inégalitaire et violente. Les événements de la place Tahrir et les fumées à Fukushima ont fermé l’ère commencée par un certain 11 septembre. Tout est encore très incertain, très violent aussi. Des gens meurent encore aujourd’hui. Mais je vois mal comment nous allons accepter de revenir en arrière, retourner vers le pseudo-choc des civilisations, les dictatures justifiées par la menace terroriste, le nucléaire pour lutter contre les gaz à effet de serre, le pétrole sans fin pour nourrir la machine, la « démocratie représentative » qui ne semble représenter que les privilégiés et les multinationales…

Tout est prêt pour le changement. Je suis un peu excité. J’ai aussi un peu peur, en fait.


Article initialement publié sur Minorités

Photo flickr CC ian lott ; Feggy Art ; Brian Glanz

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Louis Renault et la “fabrication de chars pour la Wehrmacht” http://owni.fr/2011/03/10/louis-renault-et-la-fabrication-de-chars-pour-la-wehrmacht/ http://owni.fr/2011/03/10/louis-renault-et-la-fabrication-de-chars-pour-la-wehrmacht/#comments Thu, 10 Mar 2011 09:30:24 +0000 Annie Lacroix-Riz http://owni.fr/?p=50497 Le 13 juillet 2010, la Cour d’Appel de Limoges a condamné le Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane à payer 2 000 euros de dédommagements à deux petits-enfants de Louis Renault et exigé que fût retirée de l’exposition permanente une photo de l’industriel, entouré d’Hitler et Göring, au salon de l’auto de Berlin de 1939, avec cette légende :

Louis Renault présente un prototype à Hitler et Göring à Berlin en 1938 (sic) [...] Louis Renault fabriqua des chars pour la Wehrmacht. Renault sera nationalisé à la Libération.

Un dossier du Monde Magazine, du JT de France 2 le 2 mars 2011, a donné un écho approbateur à cette décision judiciaire. Ainsi se précise une vaste entreprise de réhabilitation de Louis Renault, et avec lui, du haut patronat français sous l’Occupation, relancée depuis quinze ans par plusieurs historiens ou publicistes qui ont préféré les témoignages postérieurs à l’Occupation aux archives des années 1940-1944. Qu’en est-il ?

Le Renault d’avant-guerre

Louis Renault finança les Croix de Feu du colonel de la Rocque puis la Cagoule. Il prôna l’« entente » franco-allemande entre gens de bonne volonté, Hitler en tête, et combattit systématiquement l’effort de guerre qui l’avait tant enrichi durant la Première Guerre mondiale.
Il clamait désormais qu’on ne pouvait plus gagner d’argent qu’en fabriquant des véhicules de tourisme: « les programmes de guerre ne correspondaient pas aux possibilités de nos usines», écrivit-il à Daladier en novembre 1939. Il s’entretint longuement avec Hitler le 21 février 1935 à la Chancellerie du Reich, et lui déclara :

Une guerre économique entre la France et l’Allemagne n’aurait d’avantages que pour l’Angleterre et l’Amérique.

Il le rencontra à nouveau en 1938 et en février 1939, et son enthousiasme pro-hitlérien grandit encore.

Louis Renault s’était entouré d’adjoints de confiance qui œuvrèrent directement à la liquidation de la République via la défaite :

  • le baron Charles Petiet, chef de ses aciéries (UCPMI), trésorier de la CGPF (ancêtre du MEDEF), organisateur de l’émeute fasciste du 6 février 1934
  • le cagoulard René de Peyrecave, « administrateur-directeur » depuis 1934 de la société anonyme des usines Renault (SAUR)
  • François Lehideux, neveu de Renault, administrateur directeur de la SAUR dès 1930, administrateur-délégué en 1934, spécifiquement chargé de la lutte antisyndicale et anticommuniste, qui conduisit en personne aux côtés du préfet de police Roger Langeron en novembre 1938 la répression militaire baptisée « évacuation » des grévistes de Renault-Billancourt accusés de « rébellion ».

En mars 1941, la section économique de l’administration militaire en France (Militärbefehlshaber in Frankreich, MBF), dirigée par le Dr Michel (section Wi), dans un de ses nombreux éloges de Lehideux (L.), reconnut les éminents services politiques rendus :

Pendant la guerre et aussi déjà depuis 1938 une propagande germanophile avait été conduite dans les syndicats ouvriers [traduction : jaunes] fondés par L. (sic) et surtout parmi les travailleurs des usines Renault.

Le Renault de l’Occupation

La réparation des chars pour la Wehrmacht acquise le 1er août 1940.

Louis Renault, discuta avec les Allemands depuis le début de juillet 1940 « sur la question de la réparation des chars ». Le 1er août, il signifia son acceptation formelle, étayée par une lettre « remise à la fin [d’une] conférence » commune, de réparer les chars pour la Wehrmacht « dès le 2 août ».

La réunion du dimanche 4 août à l’Hôtel Majestic, entre six Allemands, dont le chef de la division économique du MBF, et le trio français Lehideux, Petiet, Grandjean, fit le point. Son procès-verbal atteste de façon irréfutable qu’entre les 1er et 4 août 1940, Louis Renault et la direction de la SAUR agréèrent définitivement l’exigence allemande de réparation des chars pour usage allemand ; et que Lehideux, requit des Allemands « la direction allemande » de ces travaux, seule apte à soustraire la direction française à ses responsabilités. Ainsi naquit la thèse de la « réquisition » allemande, née d’une demande française, astuce juridique si utile après la Libération.

Lehideux, artisan du cartel automobile « européen » prôné par Louis Renault depuis 1935

Le 1er octobre 1940, Lehideux fut nommé « directeur responsable du comité d’organisation de l’industrie automobile » (COA) et Petiet « chef du comité d’organisation du cycle ».

Lehideux resta sous l’Occupation, comme Peyrecave, membre du « conseil d’administration » de la SAUR dont « M. Renault », son président, continuait à détenir « une très grosse part majoritaire ». Peyrecave, « directeur général par délégation des usines Renault, » fut à l’été 1940 nommé à la commission d’armistice et affecté aux commandes allemandes à l’industrie française.

Louis Renault en 1926

Dès novembre 1940 Lehideux, administrateur de Renault et chef du COA, et le général von Schell, sous-secrétaire d’État et « plénipotentiaire chargé de l’automobile » (Generalbevollmächtigten für das Kraftfahrwesen, GBK), fondèrent à Berlin le « comité européen de l’automobile », cartel franco-germano-italien sous direction allemande. Louis Renault n’avait cessé depuis son entretien avec Hitler de 1935 d’appeler de ses vœux la constitution d’un « cartel européen ».

Renault et les “chars pour les Allemands”

Aucun travail historique, tranche la cour d’appel de Limoges, n’infirme une décision judiciaire du 30 avril 1949 disant que les usines Renault n’avaient pas fabriqué de chars ou de chenillettes mais avaient été obligées d’effectuer des réparations durant la guerre.

Le MBF se félicita dès le début de 1941 (et jusqu’au terme de l’Occupation) du succès des « négociations avec l’industrie allemande » de Lehideux et de son équipe du COA riche en hauts cadres de Renault. Au printemps 1941, les informateurs des services de renseignements gaullistes décrivaient des usines tournant à plein régime, requéraient des bombardements industriels pour paralyser l’appareil de guerre allemand et indiquaient les délais du prochain assaut (contre l’URSS) : « les commandes deva[ie]nt être prêtes pour le 15 juin ».

En mars, « Renault voitures de tourisme, camions, tanks » fut recensé en tête d’une liste d’entreprises « travaillant pour les Allemands ». Une note sur l’« Industrie de guerre » d’avril 1941 exposa avec précision « que les Établissements Renault à Billancourt produis[ai]ent actuellement une série de petits tanks Renault ». Fin avril, « les Allemands [étaient] très contents du tank Renault ».La correspondance, abondante, est totalement antagonique avec les arrêtés de cours de justice de 2010 ou de 1949, et il en fut ainsi jusqu’à la Libération : en juin-juillet 1944, Renault s’imposait la firme championne « des usines souterraines » (pour surmonter les effets des bombardements) édifiées dans des « carrières aménagées à Carrières-sous-Bois (entre Maisons-Laffitte et Saint-Germain) ».

C’est le contribuable français qui dut assumer le coût des bombardements industriels – remboursés par Vichy – charge qui s’ajoutait depuis 1942 à la gigantesque contribution des frais d’occupation et du clearing.

« La justice [n'est pas habilitée à] révise[r] les années noires »

Camions, tanks, moteurs d’avions, avions, bombes incendiaires, canons anti-chars, etc., toutes les pièces possibles de l’armement furent construites par Renault pour le Reich. Pour oser réduire la production de guerre à celle des tanks ou pour prétendre que Renault – comme le reste de l’industrie française – a subi, en 1940, la torture des « réquisitions » allemandes, il faut s’être dispensé de dépouiller les montagnes d’archives consultables aujourd’hui, ou avoir travesti leur sens.

Le dossier factuel des responsabilités de Louis Renault, actionnaire très majoritaire de la SAUR, et de ses collaborateurs de haut rang dans le sort de la France et dans la durée de la guerre, est accablant.
Des héritiers manifestement ulcérés que tant de pairs de Louis Renault aient pu transmettre à leurs descendants, sans encombre ou après révision judiciaire, d’énormes biens, qu’avaient encore arrondis les années 1940-1944, et les milieux économiques et politiques dirigeants, qui usent, jusqu’ici unilatéralement, de la presse écrite et audio-visuelle, prétendent faire enterrer les vérités qui se dégagent des archives, françaises et allemandes, de l’Occupation et en entraver l’accès à la population.

La Haute-Cour, comme les autres cours, traita « à chaud » les cas qui lui étaient soumis. Dès l’été 1945, elle limita à la collaboration (art. 89 et suivants du code pénal) la procédure Pétain, dont l’instruction, aujourd’hui accessible, établissait formellement la trahison (art. 75 et suivants du Code pénal), passible alors de la peine de mort. Depuis l’été 1945, les « archives [dites] de Berlin » furent, par milliers de pièces, transférées à Paris, balayant définitivement les « mémoires de défense » et propos flatteurs des témoins à décharge.

L’appareil judiciaire français les ensevelit, lui qui avait prêté serment à Pétain (à l’exception d’un unique héros, Paul Didier) et avait été lourdement impliqué dans le soutien au régime, acceptant ou sollicitant de Vichy, parfois dès l’été 1940, des missions répressives, notamment antisémites et antiparlementaires : Me Isorni, défenseur de Pétain, le rappela avec férocité au président du tribunal, Paul Mongibeaux, et au procureur général Mornet.

L’historien n’a pas le droit de réclamer aujourd’hui devant les tribunaux réparation pour les décisions politiques de la justice d’hier de classement des affaires de trahison et de collaboration ; mais il a celui d’établir, sur la base des sources originales consultables, les faits qu’ont largement écartés les arrêts de l’après-Libération.
Les magistrats ne sont pas habilités à se retrancher devant les arrêts pris par leurs prédécesseurs pour prohiber de facto l’exercice indépendant du « travail historique ». Ils n’ont pas à dire l’histoire ni à interdire aux historiens de la faire en toute indépendance et aux associations de résistance de la diffuser.

Le texte complet de cet article a été publié sur Politique Actu

Crédits Photo via Wikimedia Commons Raboe001 [cc-by-sa] ; Portrait de Louis Renault [Domaine Public]

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Marques et artistes, une idylle partie pour durer ? [1/2] http://owni.fr/2010/11/04/marques-et-artistes-une-idylle-partie-pour-durer-p1/ http://owni.fr/2010/11/04/marques-et-artistes-une-idylle-partie-pour-durer-p1/#comments Thu, 04 Nov 2010 14:08:11 +0000 Aurélien Sooukian http://owni.fr/?p=27723 Aurélien Sooukian est le cofondateur et le directeur de By Music, une société de conseil et de création musicale à destination des professionnels de la communication et des médias.

Les relations entre artistes et marques existent depuis longtemps. Cependant, ces opérations de branding se sont massivement développées ces dernières années, devenant un source prépondérante de revenu pour certains artistes. Et un objectif à atteindre pour beaucoup d’autres…

D’un côté, les annonceurs…

L’abondance des messages publicitaires adressés au consommateur, la volatilité croissante des clients ou encore l’essor d’Internet – support de milliards de contenus à haute valeur ajoutée – sont autant de phénomènes pouvant entraver la visibilité des marques.

Qui, aujourd’hui, ne juge pas les ondes saturées ? Le paysage audiovisuel surencombré ?

De l’autre côté, les artistes et l’industrie du disque : démocratisation des outils de production audio, accessibilité offerte par Internet pour faire découvrir son talent (ou pas) au monde entier, fin du disque comme relais de développement unique… les créateurs de musique profitent de la révolution numérique mais doivent parallèlement redoubler d’efforts pour espérer trouver leurs publics et se constituer une fanbase rentable.

Et si dans cette nouvelle configuration les deux univers s’associaient pour créer du contenu ? Si le pouvoir médiatique et la puissance financière des premières servaient l’éclosion des seconds ? A moins que ce ne soit la notoriété d’artistes confirmés qui permettent à des campagnes de communication de décoller en quelques jours ?

Des synergies à haute valeur ajoutée

Les stratégies « traditionnelles » de développement tant pour les entreprises que pour les artistes et les labels ne suffisent plus. Le nouvel environnement de marché, sur fond de conjoncture difficile, oblige les deux parties à faire preuve d’une grande inventivité pour continuer à générer de l’attirance, de la préférence et donc du succès.

C’est ainsi que marier harmonieusement marque et musique dans des conditions originales est devenu l’un de leurs nouveaux enjeux. Qu’il s’agisse de lancer un produit ou rajeunir un coeur de cible, le nombre d’associations explosent car les synergies foisonnent.

Cette tendance a pris ces derniers mois de nombreuses formes dont la seule limite est l’imagination : multiplication des concerts et festivals organisés par les marques elles-mêmes (Paco Rabanne, Heineken…), synchronisation de titres « forts » en pub TV (Weezer/La Banque Postale, Jil is Lucky/Kenzo, Yael Naim/Apple…) jusqu’à la vente en avant-première de tickets de concerts aux clients d’une entreprise (Alicia Keys/Amex).

Les bons partenariats ont également cet avantage de faciliter le storytelling des deux côtés. On se souvient que la chanteuse Izia, au-delà de son réel talent, doit certainement une partie des récompenses obtenues aux dernières Victoires de la Musique à sa mise en avant dans la publicité Petit Bateau.

La marque de vêtement quant à elle, perçue au passage comme révélatrice de nouveaux talents, tire parti de la récente explosion médiatique de l’artiste. Une stratégie win/win dont le modèle va très probablement faire des émules dans un avenir proche.

Quand la musique est au coeur du “brand content”

Les marques comme les artistes ont donc besoin de créer un contenu singularisant et doivent désormais adopter une logique de storytelling pour se développer. Le sponsoring est une des options fréquemment choisie.

Parmi les précurseurs, Paco Rabanne poursuit le Black XS Live Show, et illustre son parfum féminin par un tour du monde musical en s’associant aux Français de la Blogothèque : ils réalisent des « concerts à emporter » (un concept à adopter), dans neuf pays du monde (Japon, Turquie, Espagne, Canada, Royaume-Uni, Argentine, Mexique, Chili et France) pour faire découvrir de nouveaux artistes venus de tous horizons. Faites donc un tour sur leur site et visionnez des vidéos insolites prises sur le vif, au coeur des grandes villes d’Europe et d’ailleurs !

Diesel U Music label, créé par le grand nom du jean, fait toujours le buzz une décennie après sa création, avec pour projet la promotion d’artistes non signés.

Myspace, bien qu’un peu chargé, vaut le détour. Plus collaboratifs encore, certains nous enrôlent dans des compétitions épicées. Pour se montrer, s’amuser, faire des rencontres ou décrocher le gros lot, le citadin prend les baguettes et orchestre la com’ de la marque brésilienne Havaïanas qui a lancé cet été une opération solaire à double enjeu : l’agence Enjoy ADS invite les volontaires à se rendre chaque jour dans un magasin de la marque et à y retirer un code pour se procurer en ligne des goodies exclusifs, et même une paire de tongs pour les plus assidus !

Mais le coeur de l’opération, annoncée sur tous les réseaux sociaux que nous fréquentons, se loge sur le site e-commerce de l’enseigne : les internautes doivent y mixer un clip à partir de sons tonguesques uniquement !

Même dans des secteurs moins funs comme l’assurance ou la banque, on use du co-branding dont les applications, à renfort de milliers d’euros, ne passent pas inaperçues.

Il y a ainsi désormais de la musique dans votre Carte Bleue : depuis 3 ans, le marketing se plie en quatre pour entrer dans une puce électronique et la Société Générale fait du bruit avec So Music, la carte de paiement Universal Music.

Elle permet (aux ados, en général) d’accéder à des offres promotionnelles sur le téléchargement légal de titres en ligne (www.somusic.fr), à 4 chaînes Web TV, à des cadeaux divers, et surtout à des offres de stages et d’emplois en lien avec la pratique musicale…Ici, chacun des deux acteurs tire parti de l’image de l’autre. Bon, 24 euros par an, le tarif est raisonnable et adapté à la cible, jeune. On regrette seulement que les playlists proposées ne soient pas suffisamment riches et diversifiées.

Retrouvez la deuxième partie de cet article

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Cet article a été initialement publié sur admirabledesign.com

Crédit photo cc flickr : jordi.martorell, crises_crs

Document remis : photo sennheiser

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OWNImusic présente Olivier Samouillan et Don Guido http://owni.fr/2010/09/21/ownimusic-presente-olivier-samouillan-et-don-guido/ http://owni.fr/2010/09/21/ownimusic-presente-olivier-samouillan-et-don-guido/#comments Tue, 21 Sep 2010 08:54:59 +0000 Lara Beswick http://owni.fr/?p=26647 Cette semaine, nous vous présentons “Some Kind of butterfly”. Cette œuvre est née de la rencontre de deux êtres aux parcours exceptionnels. Don Guido, le Tom Waits de Sarajevo et Olivier Samoullian, un artiste engagé aux multiples talents ayant compris depuis longtemps déjà la puissance du web. Le texte de la chanson est emprunté à Teona Mitevska, une réalisatrice macédonienne de renommée internationale, amie proche des deux compagnons. Et c’est comme toujours à prix libre et en Creative Commons.

Si vous êtes allé à Sarajevo, vous aurez probablement rencontré ou aperçu Don Guido, a.k.a Vlado Kajevic, chantant en hurlant, jouant son blues sur sa guitare dans les clubs de la ville.
Entre 1992 et 1996, Sarajevo, et le pays entier, sont pris d’assaut par une guerre. Don Guido, se bat pour défendre sa ville natale et sa famille tout en continuant à jouer dans les clubs undergrounds entre deux combats.

Durant cette guerre, Bill Carter, réalisateur du documentaire Miss Sarajevo et auteur du livre Fools Rush In dans lesquels Don Guido est le personnage principal. Bill Carter et Bono, leader du groupe U2, se sont beaucoup investis pour défendre les assiégés de Sarajevo et informer le monde de l’injustice de ce massacre.

Il rencontre à cette période Malcom Burn, un musicien producteur canadien, qui passait à Sarajevo juste après la guerre avec lequel il enregistre Don Guido’s Blues.

Il rencontre les Project Zlust avec Olivier Samouillan en Macédoine, en 2003. Ils enregistrent aux Chicken Madness Arts Studios à Skopje l’album intitulé The Bosnian Blues Album -  From Sarajevo with Love. L’album est produit par Malcom Burn à Kingston, New York en mai 2005.

“Save me (save yourself) and sleep like a baby at night!” (Don Guido)

Lire le texte complet en anglais (format PDF)

Qu’est qui vous a séduit chez Don GUIDO jusqu’à aboutir à une collaboration artistique ?

J’ai rencontré Don Guido en Macédoine pendant l’été 2002. Le pays sortait à peine d’une période de violences inter-ethniques. Ces périodes sont paradoxalement des moments où la vie semble devenir plus intense, où l’envie de bâtir prend le dessus sur  l’angoisse.

Je vivais en Macédoine, répétais à l’orchestre philharmonique tous les matins et passais le reste du temps  à enregistrer en studio. Le groupe était constitué de Macédoniens, de Tziganes, Bosniaques, Serbes… la diversité multi-ethnique des Balkans.

Don Guido venait nous voir de temps à autre et nous emmenait jouer à Sarajevo où il vivait. Le timbre si particulier de Don Guido et le parfum de Sarajevo m’ont inspiré la mélodie. Quant aux paroles, Teona Mitevska, réalisatrice de cinéma macédonienne avec qui je travaille passionnément, m’a fait lire un texte d’elle que j’aime beaucoup, A kind of Butterfly.

Nous préparons actuellement avec Don Guido un album de chansons d’amour décadentes.

Faites-vous un usage différencié des différentes plateformes à disposition (Myspace, Facebook, Soundcloud etc…) et considérez-vous que cela fait partie de votre travail en tant qu’artiste ?

J’ai suivi le même chemin que beaucoup de musiciens. Ma découverte des réseaux sociaux a commencé avec Myspace, j’avais la sensation de découvrir un outil fantastique. Je m’inscrivais sur d’autres sites de réseaux plus spécialisés, streaming , vente en ligne etc. Facebook est arrivé, j’ai peu à peu laissé Myspace somnoler.

Aujourd’hui j’ai pris beaucoup de recul. Cette activité est très chronophage pour les musiciens qui se retrouvent plus occupés à se construire une présence sur la toile qu’à composer, pratiquer leurs instruments, produire… Je me dis que le meilleur buzz, c’est la qualité. Celle qui demande du temps, de la concentration, de l’isolement et du talent.

Je me dis aussi que l’édition, le journalisme, le marketing, l’organisation de tournées etc. sont des métiers à part entière et qu’il est difficile d’assumer tout cela pour un musicien. D’autant plus que les écoles de musiques et les conservatoires en France, contrairement aux États-Unis,  ne préparent pas les futurs professionnels à maîtriser les outils dont ils auront besoin pour gérer leur carrière.

Je travaille également pour un éditeur, Frédéric Leibovitz et son label Cezame. Il occupe une place importante dans l’édition musicale et a su à plusieurs reprises proposer des solutions innovantes face à l’évolution de l’industrie musicale. Une personne dont j’apprécie l’écoute et les conseils.

Parlez-nous des activités que vous menez en parallèle de votre carrière de musicien.

En 2004 j’ai créé une société avec un ami, Publicmusic, qui a connu ses moments de gloire. Nous proposions un catalogue de musiques “libres de droit” spécialisé dans la musique “illustrative”. Nous avions comme clients des maisons de productions TV, radio, jeux vidéo, agences web etc. le catalogue était alimenté par une vingtaine de compositeurs.

L’idée de générer un modèle économique en marge de la SACEM était assez excitante, il y avait de la demande. Seulement, la réalité est que les revenus générés par la gestion des droits d’auteurs et la protection de nos musiques sur le marché étaient plus rentables en passant par la SACEM.

Ceci dit l’aventure de Publicmusic a été très enrichissante à plusieurs niveaux. Je travaille à l’élaboration d’une plate-forme musicale en ligne qui donnerait plus de liberté  aux compositeurs : définir les modalités de leurs licences, la valeur de leurs œuvres tout en choisissant le mode de gestion de leurs droits. L’ambition de ce projet est de construire une passerelle entre les compositeurs et le milieu audiovisuel.

Je me réjouis qu’Ownimusic ait pour vocation, entre autres, d’être un think tank et une plateforme expérimentale de nouveaux modèles économique autour de l’industrie de la musique.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Crédits photos : 2010 Vuk Mitevski & Loguy
En marge des nuits blanches, la galerie Hus propose la nuit du 2 octobre , de 21 h à 2 h, un temps de résistance aux gestes d’expulsion. Projections, performances et prises de parole. Avec Olivier Samouillan au violon, accompagné de ses amis Roms de Macédoine .
Programme détaillé sur www.husgallery.com le 2 octobre.
Galerie Hus (accrochage en cours de Guillaume Lebelle)
4 rue Aristide Bruant
75018 Paris
Tel : 0140180370
Contact Tristan Cormier : 0607787231 ; tristan.cormier@wanadoo.fr

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Le déclin de Wikipedia ? http://owni.fr/2010/03/23/le-declin-de-wikipedia/ http://owni.fr/2010/03/23/le-declin-de-wikipedia/#comments Tue, 23 Mar 2010 17:15:37 +0000 J-S. Beuscart http://owni.fr/?p=10701 Les frenchies du South By SouthWest continuent leur exploration des arcanes du festival texan. Cet article s’interroge sur la pérennité du modèle de Wikipedia et analyse les raisons du déclin du nombre des contributeurs de l’encyclopédie en ligne.

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Titre original : Wikipedia peut-il survivre au déclin du nombre de ses contributeurs

Wikipedia est l’exemple paradigmatique de l’efficacité de la coopération décentralisée, ou de la « sagesse des foules ». Sa dynamique collaborative a produit en quelques années une encyclopédie très complète, à la fois riche et pertinente. Andrew Lih, professeur de journalisme à Berkeley et auteur de The Wikipedia Revolution, explique qu’il avait l’habitude de commencer ses conférences sur le sujet en créant une erreur volontaire sur une page ; à la fin de la conférence, l’erreur était corrigée – et la démonstration de l’efficacité du système était faite.

Mais depuis quelques temps, ce petit trick ne marche plus à tous les coups. Plus généralement, la communauté a constaté une diminution de la participation : le nombre de contributions est en baisse depuis fin 2007, et l’encyclopédie aurait perdu jusqu’à 50 000 éditeurs durant l’année 2009. Dans sa présentation, Andrew Lih s’est proposé d’expliquer ce déclin, et de deviner s’il menace réellement le futur de Wikipedia. Le propos était extrêmement riche et précis, on peut tenter de le résumer en deux grands arguments.

Tout d’abord, contribuer à Wikipedia est devenu de plus en plus compliqué, techniquement et socialement. Dans les premiers temps glorieux, il n’y avait que trois règles : NPOV (neutralité du point de vue), AGF (assume good faith), IAR (ignore all rules – just write).

Au fur et a mesure de la croissance, de nombreuses nouvelles règles sont venues organiser la coopération (Andrew Lih en identifie 4 générations), si bien que débattre lors de conflits d’édition est devenu aussi compliqué que construire un argumentaire juridique.

Parallèlement, la communauté est devenue moins ouverte : pour devenir administrateur, vous devez passer un certain nombre de questionnaires et de tests ; et les pratiques de deletionism (la suppression rapide d’articles jugés en dessous d’un certain standard) ont tendance à refroidir les bonnes volontés. Enfin, la complexité technique de l’édition s’est accrue, pour ressembler de plus en plus à du code, et de moins en moins à de l’écriture.

Andrew Lih a diffusé quelques films issus de recherches d’utilisabilité, montrant des utilisateurs ordinaires à qui on demande de faire une modification simple, et qui s’en avèrent incapables. La communauté Wikipedia est consciente de ce problème, et a essayé de simplifier la syntaxe, sans succès. Certains outils WISWYG, comme wikia, vont également dans ce sens.

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D’un autre côté, ce déclin des contributions provient sans doute aussi du fait qu’il y a tout simplement moins de choses à écrire. Si l’on considère, un peu schématiquement, le savoir humain comme un stock qui croît régulièrement, on peut considérer les premiers temps du développement de Wikipédia comme un temps de rattrapage, qui nécessite un très grand nombre de contributions et de contributeurs. Une fois que le stock a été constitué, il est normal que le rythme se ralentisse, pour épouser le rythme de croissance du savoir humain.

En combinant ces deux explications, le chercheur a dessiné deux grands scénarios d’évolution de Wikipédia. Soit celui d’un déclin en qualité, ou d’une vulnérabilité plus grande au spam, du fait d’un nombre insuffisant de gardiens et de correcteurs ; soit celui de la constitution d’une élite de contributeurs-réviseurs, relativement fermée, qui se traduirait à la fois par une augmentation de la qualité et une diminution de la réactivité.
Wait and see…

> Article initialement publié sur French XSW

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La troisième frontière du Web http://owni.fr/2010/03/12/la-troisieme-frontiere-du-web/ http://owni.fr/2010/03/12/la-troisieme-frontiere-du-web/#comments Fri, 12 Mar 2010 09:12:23 +0000 Patrice Lamothe http://owni.fr/?p=9960 PDG de Pearltrees et auteur du blog Cratyle, Patrice Lamothe expose dans ce billet les différentes phase de développement du Web. Parti d’un micro-démocratie où “chacun disposait de tous les attributs d’un média”, le réseau semble actuellement en mesure de franchir une frontière : celle qui vise à permettre à chacun d’être un média complet.

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Chacun sent que le Web entre aujourd’hui dans une nouvelle phase de son développement.

Les tentatives de synthèse fleurissent, mais ne semblent pas suffire à rendre compte des évolutions en cours. Peut-être sont-elles encore trop vagues? ou déjà trop précises? Le concept de “Web Squared” s’ajuste assez bien au “Web 2.0″ passé, mais il ne permet pas vraiment de saisir la nature des changements, moins encore d’en déduire les effets concrets. Le “Web en temps réel”, l’une des principales expressions du moment, ne nous renseigne pas beaucoup plus sur la portée de ces changements.

Peut-être trouvera-t-on d’ailleurs inutile de vouloir décrire les évolutions d’ensemble du Web? Il y aurait de très bonnes raisons pour celà. Assemblage de ressources techniques, de fonctionnalités et d’usages, le Web ne se réduit à aucune de ces dimensions en particulier.

Le succès des nouveautés techniques y dépend de l’écosystème de produits existants. L’évolution des produits y est liée à celle des usages. Les usages ne s’y développent qu’à partir des techniques et des produits. Ce réseau d’interaction semble totalement rétif aux synthèses, tout occupé qu’il est à surprendre et à réinventer.

Je crois pourtant que la nature décentralisée du Web offre un moyen de comprendre son orientation. Sans dirigeant, sans régulation externe, sans règlement interne ou plus exactement avec un nombre de règles tel qu’aucune n’est jamais uniformément appliquée, les principes fondateurs du Web sont les seuls capables de véritablement le coordonner. Ce sont eux qui tracent les orientations de l’ensemble, des orientations que l’on peut donc comprendre et prolonger.

C’est cette piste que je voudrais explorer ici. J’espère qu’elle permettra d’éclairer la très courte histoire que le Web a connu jusqu’ici, peut-être plus encore d’en déduire les évolutions à moyen terme. Il ne s’agira certes pas là de prédire un quelconque avenir – il y a une limite au plaisir de se tromper – mais d’essayer de rendre visible des évolutions déjà engagées, des évolutions peut-être suffisament profonde pour influence le Web pendant de nombreuses années.

Les principes fondateurs du Web

Ces principes sont simplement les objectifs initiaux que Tim Berners-Lee et Robert Caillau ont donnés à leur projet. En éliminant le jargon technique, il est possible de les réduire à trois propositions générales et universellement valables:

1- Permettre à chacun d’accéder à tout type de document

2- Permettre à chacun de diffuser ses propres documents

3- Permettre à chacun d’organiser l’ensemble des documents

Ils ont guidé le développement des technologies, des fonctionnalités et des usages du tout premier Web, limité d’abord aux scientifiques du CERN puis aux communautés de chercheurs qui lui étaient liées.

En raison du très petit nombre d’utilisateurs initiaux et de la population très particulière à laquelle ils appartenaient, ce tout premier Web était doté d’une propriété qui n’a jamais été reproduite depuis : chacun de ses utilisateurs avait suffisamment de compétences techniques pour accéder aux documents, pour en créer, et enfin, en programmant en HTML, pour participer à l’organisation de l’ensemble des documents. A la fois lecteur, créateur et organisateur, chaque utilisateur se conformait aux trois principes fondateurs.

Le Web initial, micro-démocratie où chacun disposait de tous les attributs d’un média, assura son propre développement et fixa durablement ses orientations. Son objectif en tant que projet était tracé : permettre à chaque utilisateur de devenir un média complet, c’est-à-dire de lire, de créer et d’organiser l’ensemble des documents qu’il souhaitait.

L’ambition était à la fois immense et claire. Immense car il ne s’agissait ni plus ni moins que de démocratiser l’ensemble de l’activité médiatique. Claire, car l’utopie proposée à tous était en fait déjà réalisée par le petit groupe des pionniers. Elle plaçait ainsi les principes fondateurs au centre de la régulation et du système de développement du Web

Le Web devint un projet Open Source universel et sans leader déclaré, comparable en cela, mais à une autre échelle, à ce qu’est en train de devenir Wikipédia. Ses principes fondateurs assuraient l’intégration des nouveautés dans l’écosystème. Ils renforçaient naturellement celles qui leur correspondaient, freinaient mécaniquement les autres, et orientaient ainsi durablement l’évolution d’ensemble.

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Les deux premières phases d’expansion

Que l’on regarde maintenant les vingt années écoulées depuis le Web des pionniers, et l’on verra que les principes fondateurs ont non seulement assuré l’unité de d’ensemble du projet, mais encore structuré les étapes de son développement.

Le principe « permettre à chacun d’accéder à tous les documents » établit la première frontière du Web et guida sa première expansion. Pour l’essentiel, cette phase s’étendit de 1994-95 à 2003-2004. Elle correspondit au développement massif d’un Web pyramidal, dans lequel un petit nombre réalisait, organisait et distribuait les contenus que la majorité consommait.

Le portail et le moteur de recherche en étaient les produits clés ; HTML et PHP les technologies principales ; l’accès à l’information l’usage privilégié. Il n’est pas inutile de rappeler que ce modèle recouvre encore la majorité du Web actuel, et continue à se développer au rythme de croissance d’internet.

La deuxième phase d’expansion du Web commença lors des années 2000-2002, sous l’impulsion de projets tels que Blogger, Myspace puis Wikipédia. Rapidement identifié comme un tournant majeur, le « Web 2.0 » correspondit simplement à la popularisation du deuxième principe fondateur : « permettre à chacun de diffuser ses propres documents ».

Des technologies telles qu’AJAX ou RSS offrirent au plus grand nombre des fonctionnalités de création et de diffusion jusqu’alors réservées aux seuls développeurs. Une foule de produits permit à chacun de mettre en ligne des contenus de tous types. Le succès du premier Web et la force d’ensemble du projet permirent enfin aux usages correspondant de s’étendre massivement. Les blogs, les réseaux sociaux, les wikis devinrent les emblèmes de la démocratisation de la parole et de la discussion généralisée.

On peut aujourd’hui estimer que le Web participatif appartient au quotidien de 200 à 300 millions de personnes. Le deuxième principe du Web a franchi à son tour le petit cercle des pionniers pour transformer les usages du grand public. Les technologies, les produits et les modes de fonctionnements sont maintenant en place pour qu’il s’étende progressivement à l’ensemble de la population. Son développement, devenu prévisible, ne requiert plus d’innovation radicale. Il se prolongera naturellement au fil des années.


La troisième frontière

Même rapidement évoquées, les deux premières étapes font nettement apparaitre ce qui constitue aujourd’hui la nouvelle frontière du Web. Au-delà de la foule d’innovations et de nouveautés qui poursuivent des voies déjà tracées, l’une des trois composantes du projet Web, « permettre à chacun d’organiser l’ensemble des documents » est encore loin d’avoir trouvé la voie du grand public.

A-t-on remarqué que le maillon essentiel du tissu technologique du Web, la traduction technique du troisième principe, le langage HTML, est à la fois celui qui a le plus contribué à la diffusion du Web et celui qui s’est le moins éloigné de sa forme technique initiale ? Que la création des liens hypertexte, qui tisse la structure véritable du Web, l’architecture des sites, le point de repère des moteurs de recherches, reste une activité complexe, très éloignée du quotidien, très peu adaptée à la multitude d’usages qui pourraient en découler ?

Après avoir permis à chacun de tout lire et de tout diffuser, le Web doit permettre à chacun de faire ce que ses premiers utilisateurs ont toujours pu faire, ce qui est au cœur de sa radicale originalité : tout organiser. L’écosystème du Web doit progressivement bâtir les technologies, inventer les produits et façonner les usages qui permettront à chacun de manipuler les contenus créés par chacun, de les assembler, de les éditer, de les hiérarchiser, de leur donner du sens. Le Web doit permettre à chacun d’être un média complet.

S’agit-il là d’un souhait ? D’un pari ? D’une hypothèse prospective ? Il s’agit au fond de bien plus que cela. Si des orientations pratiques pour l’avenir d’un système aussi complexe que le Web peuvent être tracées, elles doivent s’appuyer sur les seuls points de coordination possibles entre des acteurs trop divers et trop nombreux pour eux-mêmes se coordonner. Elles doivent s’appuyer sur les seuls éléments partagés : les principes fondateurs du projet.

Dire que la prochaine étape du développement du Web est la démocratisation de la capacité de l’organiser, c’est simplement constater que des trois brins d’ADN initiaux du Web, celui-là seul n’a pas atteint le niveau de développement des autres. Qu’il constitue à proprement parler la nouvelle frontière du projet.

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Vers le Web total

Mais s’il en est ainsi, dira-t-on peut-être, puisque les développements successifs du premier et du deuxième principe sont maintenant assurés, les techniques, les produits et les usages innovants ne devraient-ils pas aujourd’hui converger vers cette nouvelle frontière supposée ? C’est bien ce qui se dessine sous nos yeux : la troisième phase du Web est déjà lancée.

Les conditions, les besoins et les moyens sont réunis pour que le troisième principe du Web s’étende au-delà du petit groupe des professionnels et des pionniers.

Sur le plan des usages, les réseaux sociaux sont en train de populariser l’édition instantanée de contenus. Prés de 20% des twitts échangés contiennent des URLs. Facebook place l’échange de lien au sommet de sa hiérarchie de fonctionnalités. Chez nombre de passionnés du Web, la lecture des contenus proposés par une communauté remplace celle des aggrégateurs de flux automatisés.

Sur le plan des techniques, systèmes collaboratifs et « Web en temps réel » permettent à chacun de coordonner ses appréciations avec ses différentes communautés, d’organiser au fil de l’eau les éléments passant à sa portée. Le mouvement d’ouverture des données et les technologies sémantiques étendent à la fois la matière première d’organisation du Web et les moyens d’y accéder. Les interfaces riches offrent les moyens de simplifier à l’extrême les opérations d’édition et d’organisation, pour que chaque utilisateur puisse manipuler des données complexes de manière intuitive, ludique et naturelle.

Sur le plan des produits et des fonctionnalités, les géants du Web comme les start-ups les plus avancées se dirigent insensiblement vers le Web organisé par l’utilisateur. Les dernières innovations de Google ? Un système de collaboration généralisé – Wave – un système de discussion public de l’ensemble des contenus du Web – SideWiki – et l’ouverture de son moteur de recherche aux avis explicites et aux notations de ses utilisateurs.

C’est d’ailleurs le modèle hiérarchique et automatique du moteur de recherche que l’organisation du Web par ses utilisateurs s’apprête à remettre en cause. Wikia fut la première tentative notable de développement d’un moteur de recherche à algorithme collaboratif. Mahalo renforce maintenant la dimension humaine de la recherche en orchestrant les questions d’utilisateur à utilisateur. Pearltrees, précisément défini comme un réseau d’intérêt, permet aux membres de sa communauté d’organiser, de connecter et de retrouver naturellement l’ensemble des contenus qui les intéressent. Foursquare, à la différence des systèmes de géolocalisation qui l’ont précédé, ne s’applique pas aux personnes mais aux objets : les joueurs y organisent ensemble les lieux où ils ont l’habitude d’aller.

Les techniques, les produits et les usages issus des premières et deuxièmes phases ne vont pas pour autant s’effacer. La prochaine étape combinera au contraire les trois principes qui ont fait l’histoire et l’originalité du Web : elle fera de chacun à la fois un spectateur, un créateur et un organisateur.

Le Web sera alors pour tous ce qu’il fut pour un petit nombre : un média total, démocratique et démocratisé.

Patrice Lamothe

PDG de Pearltrees

> Article initialement publié sur Cratyle

> Illustrations par Robert Veldwijk, par psd et par Laughing Squid sur Flickr

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Le jour-now-lisme : le journalisme en tant que processus créatif http://owni.fr/2010/01/28/le-jour-now-lisme-le-journalisme-en-tant-que-processus-creatif/ http://owni.fr/2010/01/28/le-jour-now-lisme-le-journalisme-en-tant-que-processus-creatif/#comments Thu, 28 Jan 2010 10:30:17 +0000 Josselin Perrus http://owni.fr/?p=7322 Les réflexions exposées ici sont issues d’une discussion qui a eu lieu lors de la conférence de rédaction ouverte tenue par InternetActu à l’occasion du Remix de la Cantine. Le contexte en était : comment impliquer davantage la communauté des lecteurs ?

La culture d’une réflexion packagée

Je fais le constat suivante à propos du journalisme : l’implication de la communauté se fait quasi-exclusivement suite à la publication d’un produit fini qu’est l’article. Une fois l’article publié, il est soumis aux commentaires/discussions.

Il n’y a donc aucune interaction entre le journaliste et la communauté au cours du processus créatif (réflexion, documentation, rédaction), qui, comme c’est le cas pour des articles de fond, peut s’étendre sur de longues périodes. La proposition que j’ai formulée était d’ouvrir ce processus à la communauté. Plus précisément les étapes de réflexion et de documentation car je suis d’accord avec les journalistes d’InternetActu pour dire que la rédaction collaborative peut convenir pour certains formats (par exemple des comptes-rendus d’évènements) mais est laborieuse pour ne pas dire contreproductive dans le cas d’articles.

Les réticences à une telle ouverture me paraissent de trois ordres :

  1. Le dévoilement de l’intime : le processus créatif est ressenti de manière très personnelle et c’est pas toujours joli à voir : comme le faisait remarquer Rémi Sussan c’est beaucoup de fouillis…
  2. La publication est ressentie comme un engagement par rapport à ce qu’on a écrit, alors que le processus de création est jalonné d’essais/erreurs, de ratures, de questions plus ou moins “stupides”, et d’opinions tranchées dont on peut être amené à se distancier.
  3. Le format de publication : de par sa nature “bordélique” le processus créatif ne peut s’étaler sur les mêmes pages que des articles structurés. Se pose la question de où et sous quelle forme le processus de création pourrait s’ouvrir à des contributions extérieures.

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Le journalisme en “morceaux”

Les deux premiers blocages étant d’ordre psychologique, j’imagine qu’il n’y a que des essais qui peuvent devenir des habitudes… Je me heurte à ces mêmes blocages : j’avais fait vœux (dans mon premier post) de me servir de ce blog pour écrire sur des sujets “en cours de réflexion” (ce que je n’ai qu’esquissé). Cependant j’observe l’utilisation faite par certains (dontNicolas Nova) du blog pour publier des “morceaux” (par exemple des photos).

Ces morceaux peuvent prendre la forme d’interrogations, d’opinions, de photos, mais aussi de liens. Et là on s’aperçoit que nombreux sont ceux qui déjà donnent à voir si ce n’est leur réflexion “qui se fait” au moins les lectures qui nourrissent cette réflexion avec la publication de leurs bookmarks. Les morceaux sont des instantanés, rapides à publier et ne font pas l’objet d’une contextualisation poussée. Ils ne sont pas intégrés à une réflexion englobante au moment de leur publication. Ce sont donc des éléments laissés à l’interprétation de la communauté.

Par ailleurs ces morceaux n’ont pas seulement une valeur de “moyen” : leur valeur ne réside pas uniquement dans le fait qu’une fois articulés les uns aux autres ils peuvent conduire à un produit fini. D’une part ils ne finissent pas tous par trouver leur place au sein d’une production. D’autre part ils ont une valeur en tant que tel pour la communauté qui peut s’en nourrir et éventuellement les réutiliser dans ses propres productions. Enfin les journalistes ne sont pas les seuls à pouvoir contribuer des morceaux : leur communauté peut devenir une force d’enrichissement de leur pratique, non pas seulement en réaction à un produit fini mais au sein même de leur processus créatif.

Du point de vue de la structure d’accueil de tels morceaux les Tumblr ou Twitter semblent une alternative au blog classique par leur format et leurs usages plus orientés vers des publications courtes, destructurées. Le wiki ou Google Wave permettent eux la collaboration et ils ont l’avantage de centraliser l’échange et de ne pas être linéaires et rigides à la manière de forums. Wave offre de plus cette formidable possibilité qu’est le replay permettant à chacun de faire une session de rattrapage et de pouvoir reconstituer la chronologie des apports de chacun.

Conclusion

Le journalisme se caractérise aujourd’hui par son produit fini alors qu’il est bien plus que cela : il est un processus créatif. Ce processus a commencé son dévoilement au travers de la personnification du journalisme qui amène certains à alimenter régulièrement des communautés constituées autour de leur signature. La contribution collaborative autour de morceaux permet de raccourcir la boucle de publication/retour qui lie le journaliste à sa communauté. Le journalisme se conjugue au présent (pour éviter de parler de journalisme en temps réel).

A noter qu’une telle ouverture du processus créatif à la communauté implique une forme d’humilité vis-à-vis de sa communauté et de confiance en son intelligence (à elle).

> Article initialement publié sur SVN, le blog de Nils

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