OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Atlantico, entre le Daily Beast et le Huffington Post? http://owni.fr/2010/10/28/atlantico-entre-le-daily-beast-et-le-huffington-post/ http://owni.fr/2010/10/28/atlantico-entre-le-daily-beast-et-le-huffington-post/#comments Thu, 28 Oct 2010 14:43:06 +0000 Benoit Raphaël http://owni.fr/?p=33926 Jean-Sébastien Ferjou et Arnaud Dassier, les co-fondateurs (avec Pierre Guyot, ancien de RTL, Europe 1 et BFM) du futur pure-player d’informations Atlantico, m’ont fait le plaisir de me recevoir (à leur demande) pour me parler de leurs ambitions.

On a parlé un peu politique, bien sûr, Atlantico ayant été présenté ça et  tantôt comme un Rue89 ou un Mediapart de droite. Le rapprochement serait plutôt à faire avec Slate.fr: le média se veut un site d’infos qui laisse la part belle à l’opinion et à l’analyse. Mais “plus en prise avec l’actualité chaude”, précise Jean-Sébastien Ferjou.

Quant à l’étiquette “de droite”, les fondateurs ne la revendiquent pas, même s’ils ne récusent pas leurs affinités. Arnaud Dassier, l’un des investisseurs aux côtés de Charles Beigbeder (ex candidat à la présidence du Medef) a conseillé l’UMP sur la campagne Internet de Nicolas Sarkozy. La volonté, cependant, “n’est certainement pas de créer un média militant”. Mais bien de remplir un vide dans l’offre médiatique à travers un site d’infos à sensibilité “libérale” et indépendant. Un média qui souhaite s’appuyer sur la campagne présidentielle pour construire son audience et s’imposer dans le paysage des pure-players d’infos. Une stratégie inspirée du site américain The Huffington Post, d’inspiration démocrate, à qui la présidentielle a servi de levier d’audience.

Le rapprochement avec le Huffington Post n’est pas anecdotique. Même si les fondateurs préfèrent évoquer le modèle du Daily Beast, qui mélange articles de fonds, journalisme de liens et opinions, avec une approche urbaine et moderne, un vrai ton qui a permis au jeune site new yorkais (que j’avais visité en juin dernier) de trouver une place de choix.

Journalisme de liens

La ligne éditoriale annoncée se veut d’ailleurs très ouverte: Atlantico parlera de politique, d’économie, de sciences, mais se permettra également d’aller sur des terres plus grand public comme l’insolite ou la télévision. “L’idée est de casser la hiérarchie de l’info”, commente Jean-Sébastien Ferjou.

Le profil des co-fondateurs va dans ce sens: Pierre Guyot et Jean-Sébastien Ferjou ont fait leurs armes dans l’audiovisuel, le premier en radio, le second à la télévision (LCI et TF1), tandis que leurs concurrents affichent plutôt une culture presse écrite.

A l’instar du Huffington Post, Atlantico consacrera une bonne part de son éditorial au “journalisme de liens”: 50% des contenus seront des sélections d’infos trouvés sur le web. A la manière de Slate.fr: c’est à dire quelques lignes de synthèse et un lien. Cette sélection ne sera pas mise au même niveau que les autres contenus (comme sur le Huffington Post), mais sera mise-en-scène dans une rubrique à part, comme sur Slate ou le Daily Beast.

Le reste sera constitué de billets d’analyses, écrits directement par des experts, édités par des journalistes, ou récupérés sous forme d’interview. “Les journalistes ne seront pas sollicités pour écrire des articles, mais pour trouver la bonne personne, le bon expert, le plus habilité à parler d’un sujet.” Un fil de dépêches (pas AFP) sera également proposé. Mais la rédaction ne s’interdira pas d’aller sur de l’enquête “quand l’occasion se présentera”. Plus fréquemment demain, quand le budget le permettra…

Modèle publicitaire

Pas de chiffres précis sur le budget global (que j’estime à 600.000-700.000 €/an), justement, ni sur le nombre exact de journalistes, mais “on est à peu près dans la fourchette de Slate”, entre 4 et 6 journalistes, avec un budget de piges ponctuel. Le site a été développé sous Drupal, un framework utilisé par la plupart des sites d’infos (Rue89, France 24, Slate et Le Figaro pour une partie…).

Il n’y aura pas de blogs, pas pour l’instant, mais un pool de contributeurs, parmi lesquels des personnalités et des blogueurs, qui s’est engagé à produire. “Nous n’avons essuyé aucun refus”. Parmi eux, quelques “people” (pas de noms, juste que Jean d’Ormesson, n’en fait pas partie!), mais surtout des experts, acteurs de la vie économique, médiatique et culturelle. L’inspiration? Plutôt “Europe 1″ que RMC ou France Inter.

Le business-model n’est pas encore très clair: le site sera gratuit, et s’appuiera sur un modèle publicitaire. Mais l’objectif est de jouer la diversification, avec probablement une couche payante. Mais pas dans l’immédiat. “La levée de fonds nous permet d’avancer tranquillement et nous laisse le temps de construire une audience.”

Pas de date de lancement annoncée, cependant. “Il reste quelques réglages techniques à faire”. Mais la rédaction est déjà en place et au travail.

Billet intialement publié sur la Social Newsroom

Crédits photo: Flickr CC Manish Bansal

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Daily Beast: dans l’antre de la bête http://owni.fr/2010/07/30/daily-beast-dans-lantre-de-la-bete/ http://owni.fr/2010/07/30/daily-beast-dans-lantre-de-la-bete/#comments Fri, 30 Jul 2010 08:12:26 +0000 Benoit Raphaël http://owni.fr/?p=23408 Je suis allé rencontrer Andy Mitchell, vice-président chargé du business development du jeune site d’infos The Daily Beast.

Andy Mitchell

Lancé il y a deux ans, The Daily Beast fait partie des jeunes loups des médias. Il affiche 5 millions de visiteurs uniques (chiffres internes) et un vrai ton: moderne, urbain, capable de faire du trash haut de gamme et de parler littérature ou gastronomie. The Daily Beast met en scène l’information : le meilleur des autres, à travers un journalisme de liens très packagé. Et la sienne : blogs, recommandations de personnalités et une poignée d’histoires originales.

Les locaux sont situés dans un building ultra-moderne (dans le hall: une immense mappemonde montre en temps réel des datas sur les principaux réseaux sociaux…). L’immeuble se dresse au bord de l’Hudson River, sur la 18eme avenue, dans le quartier hype de Chelsea.

A l’intérieur, ambiance Google avec un open space organisé autour d’un espace détente coloré rempli de bonbons, gâteaux, fruits et boissons fraiches.

Le staff de The Daily Beast n’est pas encore très étoffé. On est encore en mode start-up. Un seul technicien, le responsable, le reste des développeurs est externalisé à Bogota.

L’équipe éditoriale est composée de 8 journalistes qui tournent 20h/24. Ils rédigent les articles et sélectionnent les liens pertinents du moment. Le journalisme de liens est d’ailleurs en partie externalisé (une agence s’en charge). Le reste est produit par une centaine de freelances payés à l’article. Le site produit 10 à 12 histoires par jour, mais c’est le journalisme de liens qui draine la plus forte audience, avec les diaporamas photos.

La cible : très urbaine, entre 30 et 40 ans. Mais The Daily Beast cherche à toucher les 20-30 ans, plus difficiles à capter sur l’info. Pas d’orientation politique, à la différence de sa grande soeur Huffington Post. “Nous sommes poly-politiques” plaisante Andy Mitchell.

Côté business model, le média en est encore à ses balbutiements. Mais la démarche est intéressante.

The Daily Beast possède sa propre petite équipe commerciale (Andy est resté vague sur les chiffres) composée d’internes et de freelance. “Notre modèle repose à 100% sur la publicité. Mais nous ne faisons pas de display”. Un choix radical. Mais Andy cherche à recréer de la rareté: “Les utilisateurs ne regardent plus les pubs display”, constate-t-il.

Son équipe personnalise donc les campagnes pour le site, sans rencontrer trop de problèmes du côté des agences en cherchant des formats originaux qui attireront l’attention de l’internaute. Comme ici, avec une publicité qui vient s’engouffrer dans le texte de l’article :

Les publicités du Daily Beast

Nous arrivons à maintenir des CPM entre 20 et 40$”. Ce qui est plutôt exceptionnel (The Huffington Post tourne autour de 8$). Mais le nombre de campagnes est encore très faible.

The Daily Beast joue sur sa communauté : du contenu de qualité, une forte personnalité… Nous générons une audience qualifiée et influente”, argumente Andy.

Reste à transformer l’essai, ce qui dépendra de la capacité de The Daily Beast a développer son audience. Mais la démarche a le mérite d’être cohérente.

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(Illustration: photo d’Andy Mitchell, par The New Yorker)

Billet initialement publié sur la Social NewsRoom, le blog de Benoît Raphaël.

A voir aussi sur la Social NewsRoom : Wikileaks, un modèle pour l’info & Quel avenir pour le “media on demand” ?

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Presse en ligne : les têtes passent au payant http://owni.fr/2010/03/04/presse-en-ligne-les-tetes-passent-au-payant/ http://owni.fr/2010/03/04/presse-en-ligne-les-tetes-passent-au-payant/#comments Thu, 04 Mar 2010 10:17:27 +0000 Vincent Truffy http://owni.fr/?p=9394 paywall

Trois petits cailloux sur le chemin du modèle économique de la presse en ligne. Jeudi dernier, dans un entretien au Point, c’est Marie-Odile Amaury, patronne du groupe du même nom et donc du Parisien, d’Aujourd’hui, de L’Équipe, de France Football, etc. :

« Comment prendre le virage numérique ?

Le potentiel existe, puisque les marques de presse sont les plus consultées après les moteurs de recherche. Il faudra bien qu’un jour le public paie, comme il paie le SMS dans un abonnement.

Aux États-Unis, Murdoch a amorcé le tournant vers le Web payant. Pourquoi ne prenez-vous pas le leadership de ce mouvement en France ?

(Rire) Je n’ai pas les épaules d’un Murdoch ni sa surface financière. »

Rien de très étonnant jusque-là : le site du Parisien est partiellement payant (seuls les articles d’ouverture de rubrique et de cahiers départementaux sont accessibles gratuitement) et si celui de L’Équipe est en accès libre, rien de ce qui est dans le journal ne se retrouve sur le site.

Puis c’est Benoît Raphaël, rédacteur en chef du site Le Post (groupe Le Monde avec une participation minoritaire de Lagardère) qui, annonçant son départ, écrit : « Avant tout, j’ai envie de contribuer à trouver des solutions pour monétiser le journalisme digital. Les pistes sont là, encore vacillantes. La publicité, le tout-gratuit, ne suffira pas. Sans financement, pas de journalisme. »

Un air familier ? Oui, ici, à Mediapart. Mais plus d’une fois on l’avait entendu dire précisément le contraire. Il y a un peu plus de six mois, par exemple : « Le premier problème du modèle payant est bien sûr de faire revenir en arrière toute une audience habituée à consommer, depuis quinze ans, des informations gratuitement et de ne pas tenir compte des nouveaux usages dans la manière de s’informer. »

Et sur Rue89, Françoise Benhamou, professeur d’économie, spécialisée dans celle de la culture et des médias : « La gratuité ? On l’a essayée et on l’a aimée. Comme on y prenait goût, on s’est imaginé qu’elle pourrait se généraliser, la manne publicitaire couvrant le manque à gagner occasionné. (…) Mais le monde enchanté de la presse gratuite a pris l’eau. Le magnat australien Rupert Murdoch l’a dit clairement : le gratuit, c’est fini. Ça ne marche pas. »

On l’a aussi lu moins catégorique, mais on peut lui faire crédit de n’avoir pas varié dans l’énoncé de sa solution, l’abonnement au bouquet : un peu d’Arrêt sur Images, un soupçon de Terra Eco, une cuillerée de Mediapart, du Rue89 dans les coins, saupoudré de Bakchich. Ou des combinaisons thématiques.

Si l’on ajoute à tout cela qu’El Mundo lance à la fin de la semaine Orbyt, une ambitieuse offre à 14,99 euros par mois, que Le Figaro et Libération ont créé récemment leur zone payante et que Le Monde a renforcé la sienne, on voit le parfait cul-par-dessus-tête réalisé par les sites d’information en deux ans, depuis le temps où la « gratuité » était l’évidence.

La petite musique est venue des États-Unis, il y a juste un an, avec Rupert Murdoch qui voulait généraliser l’accès payant aux sites de ses journaux. En juillet, avec le rédacteur en chef du Financial Times, Lionel Barber, annonçant qu’avant un an (donc dans quatre mois désormais), la plupart des sites d’information seraient payants. Et au début de l’année 2010, l’étalon, le New York Times qui dévoile les modalités pour amener ses lecteurs réguliers à s’abonner pour la consultation de son site dès janvier 2011.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Arthur Sulzberger Jr., propriétaire du New York Times : « Le papier restera une part importante de notre stratégie à long terme, même si les jeunes lecteurs habitués à lire les articles sur support numérique prennent une place plus importante. Mais si nous ne faisons pas payer pour notre contenu sur Internet et sur mobile, c’est la qualité de ces publications qui en pâtira. »

Elle débarque aujourd’hui en France, et c’est une bonne nouvelle pour la presse en ligne, car on peut difficilement avoir raison seul. C’est précisément ce qu’explique un article du magazine Forbes qui rappelle qu’en leur temps, les compagnies aériennes se sont mises à faire payer des services qui étaient jusque-là offerts, comme l’enregistrement des bagages.

En 2008, le prix du kérosène atteignait des plafonds et la rentabilité des vols baissaient d’autant. Impossible d’augmenter les tarifs des vols dans un environnement à forte concurrence. En mai 2008, American Airlines commença à imiter ce qu’une petite compagnie charter, Spirit Airlines, avait expérimenté près d’un an plus tôt : facturer l’enregistrement du premier sac. Avant la fin de l’été, cinq des sept grandes compagnies aériennes les avaient imitées.

Conclusion de Forbes : tout est une question de synchronisation. Personne ne veut être le premier à bouger. Mais une fois le pas franchi, les réticences tombent vite. Et de comparer cette situation avec celle de la presse en ligne : tant qu’il n’y avait que le Wall Street Journal, celui-ci était l’exception qui confirmait la règle du tout-gratuit. Après le mouvement du New York Times, les sites de presse ne tarderont pas à suivre le mouvement, et à déjouer les pronostics funestes de ceux qui lui promettent que ses lecteurs se détourneront massivement vers d’autres sources d’information.

Billet initialement publié sur le blog de Vincent Truffy

Photo …Tim sur Flickr

À lire sur le même thème, mais avec un point de vue différent, « Personne ne pense un seul instant qu’il devrait payer pour son journal » chez Mediatrend.

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Journalisme et Internet : quand l’information devient “mobile” http://owni.fr/2009/10/08/journalisme-et-internet-quand-l%e2%80%99information-devient-%e2%80%9cmobile%e2%80%9d/ http://owni.fr/2009/10/08/journalisme-et-internet-quand-l%e2%80%99information-devient-%e2%80%9cmobile%e2%80%9d/#comments Thu, 08 Oct 2009 09:29:41 +0000 Le blog des assises du journalisme http://owni.fr/?p=4369 Avec 4 milliards de mobiles dans le monde, la téléphonie sonne bel et bien la révolution de la communication, mais aussi du journalisme. Le téléphone portable est en effet de plus en plus utilisé pour  transmettre l’actualité. Points de vue autour de ce nouvel outil d’information.

Objets pratiques et personnels, proches du format papier pour leur aspect tactile, les mobiles nouvelle génération permettent aujourd’hui aux utilisateurs de profiter d’une actualité quasi instantanée. De l’événement en direct aux réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, les applications des téléphones portables ne cessent de se développer et intéressent toujours plus les groupes de presse. “L’information sur mobile, c’est une révolution équivalente à celle de Gutenberg.” Benoît Raphaël, rédacteur en chef du Post et animateur de l’atelier “Quelles informations sur mon mobile? ”, juge cette pratique  en pleine expansion. Une tendance accélérée par l’arrivée des smartphones et notamment de l’Iphone  : plus de 30 millions de ventes dans le monde en deux ans.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Dès 2007, l’Agence France-Presse a acquis 34% des parts de Citizenside. Dans un modèle participatif, cette agence photo défend l’idée de “témoignage d’actualité” : chacun peut participer à l’information. A partir d’un mobile, tout événement peut ainsi être traité sans délai et vendu à d’autres médias. “Mais utiliser des photos amateurs ne menace-t-il pas le travail des professionnels?” Une journaliste s’interroge pendant le débat. “L’amateur témoigne de l’actualité, le journaliste l’explique, l’analyse, la critique”, rassure Matthieu Stefani.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Propos recueillis par Laëtitia Simoes et Eléonore Autissier

> Article initialement publié sur le blog des Assises du journalisme

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