OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Poche et ebook, duo gagnant http://owni.fr/2011/07/30/poche-et-ebook-duo-gagnant/ http://owni.fr/2011/07/30/poche-et-ebook-duo-gagnant/#comments Sat, 30 Jul 2011 14:14:04 +0000 Hervé Bienvault http://owni.fr/?p=75156 On connaît maintenant, chiffres à l’appui, aux États-Unis l’érosion importante que connaît le secteur du poche (paperbacks) qui suit en général les versions cartonnées (hardbacks) de six mois à un an selon les cas. Le New York Times revient sur le sujet. Le problème est maintenant pour les éditeurs d’anticiper les sorties poche, concurrentes des livres numériques en terme de prix, en évitant au maximum d’engendrer de la frustration pour les lecteurs qui attendent le poche et qui se trouvent défavorisés par rapport à ceux qui optent pour la version numérique qui accompagne la sortie nouveauté en cartonné. Sans bien entendu concurrencer ces mêmes “hardcovers” !

Vous me suivez ? Bref un vrai casse-tête pour les éditeurs, le grand gagnant étant le livre numérique qui mord bien maintenant sur tous les secteurs.

Les éditeurs disent qu’ils ont un nouveau sentiment d’urgence avec le livre de poche, puisque l’effort sur la sortie simultanée cartonné/numérique recueille maintenant l’essentiel de l’attention que le livre est susceptible de recevoir, en laissant le poche relativement loin derrière. Ils peuvent également prendre leurs repères d’Hollywood, où les studios de cinéma ont imposé une constante réduction de l’écart entre la sortie des films en salles et de leur arrivée en DVD.

“Je cherche à en faire de plus en plus tôt”, commente Jane von Mehren, éditrice de livres de poche chez Random House.

Nous pensons à cet acheteur de poche et nous voulons faire en sorte de le servir de notre mieux. L’idée que quelqu’un puisse attendre un an est une hypothèse que nous ne devrions plus faire. Nous cherchons donc à raccourcir la fenêtre.

 Livre de poches

Le poche, la seconde vie d’un ouvrage

L’avenir du poche a été un sujet souvent débattu parmi les éditeurs qui ont longtemps considéré la sortie de la version poche comme un moment de réinvention, dans lequel ils peuvent prendre un livre qui était déjà sorti du marché et repenser sa mise en forme pour un public plus vaste.

“Nous pensons que notre travail d’éditeur de poche est de trouver la seconde vie pour le livre, pour apporter une dimension supplémentaire à l’audience pour le livre de poche”, a déclaré Anne Messitte, l’éditeur du Vintage/ Anchor, un secteur de Random House.

Nous regardons chaque livre très attentivement afin de déterminer le meilleur moment pour sa publication en poche.

Le cycle de vie complet d’édition s’est accéléré ces dernières années. Les “hardcovers” ont moins de temps pour faire leur preuve dans les librairies, car les détaillants ont tendance à les déplacer hors des étagères plus rapidement qu’auparavant. Les livres numériques ont en général des ventes plus fortes dans la période de sortie qu’après la date de publication mais ne connaissent pas de pic à nouveau quand le livre de poche sort, a déclaré Terry Adams, éditeur numérique/poche pour Little, Brown & Company.

M. Adams a publié le livre de poche de Room, le roman d’Emma Donoghue, huit mois après la version cartonnée parce que les ventes avaient ralenti mais pas arrêté complètement.

L’élan était là et nous voulions capturer l’élan pour le poche, a t-il dit. Pour les livres qui s’élèvent à un certain niveau de visibilité, vous voulez vraiment surfer sur la vague.

Les livres numériques ont fait du prix un problème pour les éditeurs qui reconsidèrent le timing d’un livre de poche. Alors qu’il y a souvent un énorme fossé entre le coût d’une couverture cartonnée (disons, 25$) et sa version ebook (13$), les livres de poche et les livres numériques ont tendance à être assez près en terme de prix, laissant de nombreux éditeurs se demander si les acheteurs des versions numériques sont plus soucieux du coût réduit, que de la possibilité de lire immédiatement sans attendre la version poche.

 Paper planes

Réduire les délais de sortie de l’édition de poche?

“Je crois vraiment que les livres numériques font partie de la raison de cette tendance de se dépêcher pour faire le poche”, a affirmé Carrie Kania, éditrice chez Harper Perennial. “Vous n’avez pas à attendre une version à bas prix de ce livre maintenant. Je pense que nous devons aller plus vite en général.”

Mais il y a encore beaucoup d’exceptions à l’avancement du poche. Plusieurs éditeurs déclarent que la fenêtre d’un an était encore la règle pour la plupart des livres. Et aussi longtemps qu’un livre se vend allègrement en cartonné, les éditeurs ont tendance à tenir au loin l’édition de poche. Le troisième livre de Stieg Larsson dans la série Millenium n’a pas encore été publié en livre de poche aux États-Unis, plus d’un an après sa sortie en cartonné. Il a été vendu à 2,5 millions d’exemplaires en cartonné et à 1,1 million en version numérique.

Leslie Gelbman, la présidente du secteur mass-market pour les livres de poche chez Penguin Group USA, a déclaré que l’édition cartonné de The Help, un roman qui traîne sur la liste des best-sellers depuis 103 semaines, se vendait si bien que Penguin a attendu plus de deux ans avant de produire le livre de poche.

Quel est l’intérêt de sortir un livre de poche lorsque les ventes cartonnées sont si importantes ?

Les librairies eux-aussi soutiennent que les lecteurs aiment le poche. “C’est certainement faire un consommateur heureux d’avoir le livre de poche disponible plus tôt”, a déclaré Peter Aaron, le propriétaire de l’Elliott Bay Book Company, à Seattle, un magasin indépendant.

S’il y a une forme de livre imprimé qui va survivre, s’il n’y en avait qu’un seul, ce serait le trade paperback (poche).


Article initialement publié sur Aldus sous le titre : “Marché américain: le poche en questions”

Illustrations: Flickr CC Paternité Horia Varlan Paternité ronbrinkmann PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification bikertect

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Reader d’ebook: ce que lecteur veut http://owni.fr/2011/03/28/reader-ce-que-lecteur-veut/ http://owni.fr/2011/03/28/reader-ce-que-lecteur-veut/#comments Mon, 28 Mar 2011 09:35:15 +0000 Hervé Bienvault http://owni.fr/?p=53524

Ce Salon qui vient de se terminer m’aura aussi permis de rencontrer plusieurs gros lecteurs/lectrices sur des modèles de toute sorte. Voire des très gros lecteurs/lectrices, certains dévorent, une véritable addiction, ils se reconnaîtront ! L’occasion de confronter à la fois les pratiques et les retours en tant que lecteurs assidus. Puisque même Arnaud Nourry nous parle d’une concurrence au livre de poche américain ! Confirmation aussi des profils communiqués récemment par Kobo.

Les personnes qui lisent beaucoup sont dans leur immense majorité sur les modèles en papier électronique : Sony, Cybook, PocketBook, FnaccBook, Kindle, etc. ; cela ne fait aucun doute dans les retours que j’ai. La Fnac, France-Loisirs ne se sont pas trompés de cible. La lecture sur les tablettes reste une lecture très largement occasionnelle, en aucun cas adoptée par les gros lecteurs. Sans doute pour la question du prix des modèles mais aussi pour les conditions de lecture en tant que telles : mobilité, rétro-éclairage, proximité d’Internet (et oui, cela revient souvent dans les commentaires !). Tous les lecteurs que j’ai rencontrés ont d’ailleurs des smartphones et jugent l’utilisation complètement différente, en aucun cas concurrente, c’est intéressant de le signaler.

Beaucoup d’anglophones ont déjà sauté le pas

J’ai été surpris que les modèles américains, notamment le Kindle, sont déjà bien plus présents en France qu’on ne le croit, beaucoup d’anglophones ont déjà sauté le pas. Difficile d’appréhender le phénomène (il n’y a qu’Amazon qui le sait exactement), mais le cas de cette dame qui déambulait au salon avec son Kindle n’est pas du tout le fait d’une extra-terrestre ! Les Kindle circulent déjà beaucoup en France parmi les anglophones, c’est certain.

Sur les retours, sur des questions liées aux différents débats tactile/non tactile, wifi/non wifi que l’on s’attendrait à trouver, chacun s’adapte plutôt bien au modèle qu’il a choisi. Ces éléments, même s’ils peuvent être décisifs au moment de l’achat, sont finalement peu importants après-coup. Même ceux qui ont opté pour des modèles non tactiles ne voient pas bien après coup à quoi cela leur servirait. Je ne constate pas de regrets particuliers des uns et des autres après plusieurs mois d’utilisation. Les gens prennent beaucoup de temps à comparer les modèles, les différentes technologies, ce n’est pas du tout un achat impulsif. Les choix faits au départ semblent complètement assumés dans la durée.

D’abord, confirmation que les lecteurs adhèrent maintenant très fortement à l’ePub. Si certains  voulaient encore des PDF pour la qualité des présentations, ils se rendent compte maintenant que lire de l’ePub est bien plus pratique et pérenne pour constituer des bibliothèques. D’autre part, c’est plus sur les façons dont les livres sont conçus que le débat se porte et c’est finalement rassurant que les lecteurs soient sensibles à la présentation de ce qu’on leur donne à lire. Et là, c’est vraiment pas bon pour certains éditeurs et lecteurs, il faut bien le dire.

Des préoccupations de lecteurs attachés à la présentation typographique des livres

Voici une petite synthèse que j’ai faite durant ces quelques jours et qui recoupe ma propre pratique. Si elle n’a pas de valeur statistique (je ne suis pas Ipsos !), elle présente des éléments suffisamment récurrents à chaque fois pour permettre d’appréhender ce que des lecteurs attendent, et sur le fond, ce sont des préoccupations de lecteurs de livres, de lecteurs attachés à la présentation typographique des livres :

  • texte justifié impérativement.
  • empagement avec 1.500/1.700 signes ; les gens veulent des mises en pages simples type livre de poche indiscutablement, quitte à grossir la police après coup par eux-mêmes s’ils le désirent.
  • marges suffisamment larges (5 à 10 mm) et égales ; certains éditeurs font le choix de décentrer en laissant une marge plus importante à droite pour un folio, beaucoup de retours contre.
  • blancs de tête et de pied (5 à 10 mm) également, il faut que ça respire !
  • césures seraient appréciées pour éviter les blancs typographiques.
  • éviter l’interlignage trop important.
  • éviter les alinéas trop importants, 4/7 mm maxi ; certains font plusieurs centimètres, extrêmement gênants.
  • polices à privilégier : des polices avec empâtements type Garamond/Plantin/ Minion par exemple côté propriétaires ; polices sans srif, Déjà Vu et Libération par exemple côté libres. Les gens réclament plus de choix de ce côté-là, type iBooks par exemple

On retrouve indiscutablement les caractéristiques des mises en page de livre de poche. C’est la réflexion de bon sens qui revient souvent d’ailleurs, mais pourquoi donc les éditeurs ne s’alignent pas sur les livres de poche ? C’est exprès ? Support papier ou électronique, peu importe, les gros lecteurs veulent retrouver leurs textes de la même façon. L’un et l’autre se superposent. On comprend le soin exemplaire d’Amazon et d’Apple pour la présentation typographique, c’est loin d’être de l’ordre du gadget. Quand vous passez des heures à lire, vous appréciez le soin qui a été fait par l’éditeur ou le fabricant du lecteur.

Je vous invite à me laisser vos impressions sur tel ou tel point important que j’aurais oublié, pour confirmer ou infirmer. Si vous êtes vous-même gros lecteurs, je serais ravi d’avoir vos commentaires. Ces premiers éléments pourraient servir d’ébauche à une étude plus générale. C’est vrai que je n’ai pas encore vu grand chose sur tous ces aspects. Peut-être l’objet d’un travail d’étudiant sur la question ? Je pense que tous ces retours de lecteurs pourraient être approfondis dans les bibliothèques et cela ne manière statistique, mais cela est peut-être déjà le cas, non ?

PS : Beaucoup d’échos négatifs du côté du logiciel Adobe Viewer qui ne permet absolument aucune latitude, on se retrouve face à des choix de l’éditeur qui ne nous conviennent pas forcément, engendrant finalement beaucoup de frustrations et de recherches sur des offres non-légales alternatives.

PS : un commentaire que je remonte dans ma note :

Pour être complet à propos de modèles qui ouvrent sur un choix de polices de caractères, comme FBReader embarqué sur les PocketBook, voici la liste des douze polices disponibles et leurs classifications Thibaudeau pour faire simple :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Classification_Thibaudeau

- Cyrillic Old (Script)
- Menuet (Script)
- DejaVuSans (Antique)
- DejaVuSansMono (Antique)
- DroidSansMono (Antique)
- LiberationMono (Antique)
- LiberationSans (Antique)
- MyriadPro (Antique)
- Verdana (Antique)
- CaeciliaBoldSC (Egyptienne)
- DejaVuSerif (Didot)
- LiberationSerif (Elzévir)

Quelques polices qu’il me parait pertinent d’intégrer sans attendre ; les versions ttf sont à mettre dans le dossier, vous les trouverez payantes ou gratuites sur le Net :)
- Adobe Garamond Regular
- Baskerville Classico
- Minion Pro
- MPlantin
- Times (of the West) ou autre

Lire Proust en Garamond, c’est quand même autre chose !

N’hésitez pas à m’en donner d’autres que vous appréciez en tant que gros lecteurs et “amoureux de la typo”. Un “best of” des dix meilleures polices pour bientôt ?

Billet initialement publié sur Aldus sous le titre “Lecture : retours des lecteurs”

Images FlickrAttributionNoncommercialShare Alike Brian_Brooks et AttributionNoncommercial Jasper van Driel

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Livre numérique: on refait en France les mêmes erreurs qu’avec la musique http://owni.fr/2010/07/24/livre-numerique-on-refait-en-france-les-memes-erreurs-quavec-la-musique/ http://owni.fr/2010/07/24/livre-numerique-on-refait-en-france-les-memes-erreurs-quavec-la-musique/#comments Sat, 24 Jul 2010 10:06:48 +0000 Hervé Bienvault http://owni.fr/?p=22784 J’ai beaucoup de retours autour de moi sur les pratiques de lecture, l’adhésion à des lecteurs à la fois comme l’iPad et les lecteurs eInk. J’avais relayé il y a deux ans déjà le petit calcul qui avait été fait sur le Kindle, le nombre de livres à partir duquel on amortissait l’achat d’un lecteur. C’était dix-sept titres. Peut-être vous rappelez-vous ce billet ?

J’ai essayé de refaire cette petite étude (en toute subjectivité) avec quelques éléments chiffrés avec des prix moyens que j’ai pondérés à la fois grand format/poche/occasion/prêt/échange quand il s’agit de l’univers papier et légal/piratage/échange quand il s’agit de l’univers numérique. Le petit tableau ci-dessous synthétise l’ensemble. Il ne repose sur aucune études statistiques mais je pense qu’il n’est pas si éloigné que cela de la réalité. Merci de me donner votre sentiment.

À mon avis, un lecteur qui lit plus de deux livres par mois est aujourd’hui interpellé par l’offre du livre numérique, c’est indéniable. La pondération du côté du gratuit est maintenant forte. On a dépassé très largement le domaine des classiques à papa ! Un univers clandestin du livre s’organise. Près de 1.500 fans sur certains groupes Facebook… D’après mes estimations et quelques sondages réalisés, c’est entre trois cents et cinq cents titres parmi les best-sellers qui circulent déjà sur les réseaux avec une qualité excellente et un format ePub maintenant proposé plus de deux fois sur trois. À la fois scannés et craqués. Les livres scannés sont même souvent de meilleur qualité que ceux proposés par les éditeurs ! Un comble. L’offre est exponentielle depuis quelques mois seulement. Entre trente et quarante-cinq jours, c’est le délai où l’on voit apparaître une version pirate d’un best-seller qui vient de sortir. Confirmé d’ailleurs par un éditeur en début de semaine.

Un marché en retard

Le marché du livre numérique en retard en France ? Du côté des éditeurs, c’est indéniable. Du côté des consommateurs, les choses vont maintenant très vite. Je fais le pari que dans ce domaine comme dans d’autres, nous allons très bientôt rattraper les pays anglo-saxons, mieux les dépasser du côté de l’offre illégale, nous sommes au pays de Voltaire et de Balzac, non ?

La France championne mondiale du piratage, aucune raison que cela reste étanche aux livres ! Nous sommes bien en train d’attiser (avec un très gros soufflet) les charbons de l’offre illégale avec des réductions de prix d’éditeurs qui attendent une baisse de la TVA qui ne viendra sans doute jamais, des DRM qui nous empoisonnent la vie quand on change de lecteurs (tous les deux ans environ et aucune certitude sur des bibliothèques pérennes), l’absence totale de collections de poche et de pans entiers de l’édition populaire (fantasy, polars, fantastique, science-fiction, les plus piratées évidemment). J’ai même rencontré cette semaine un libraire qui vend du livre numérique et qui me dit qu’il n’en achètera jamais pour lui ! (il se reconnaîtra).

Bref, on n’a tiré absolument aucun enseignement de ce qui s’est passé dans la musique et on comprendra mieux l’ombre de la Bérézina des éditeurs, la route sera longue pour inverser les pratiques, croyez-moi…

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Billet initialement publié sur le blog Aldus sous le titre “Livre numérique: les pratiques françaises”

Crédit Photo CC Flickr : Brian J. Matis

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