OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Eric Besson vs les concepts fondateurs du Net http://owni.fr/2011/02/22/eric-besson-vs-les-concepts-fondateurs-du-net/ http://owni.fr/2011/02/22/eric-besson-vs-les-concepts-fondateurs-du-net/#comments Tue, 22 Feb 2011 07:30:34 +0000 Bluetouff http://owni.fr/?p=46059 Ndlr : Cet article est à prendre avec du recul suite notamment à la polémique entre Orange, Cogent et Mégaupload. Le 14 février, Octave Klaba, le patron d’OVH annonçait finalement avoir rencontré SFR qui lui a assuré qu’il n’y aurait pas de facturation du peering.

La neutralité du Net semble être un concept de plus en plus fumeux pour les fournisseurs d’accès français. Les débats qui se tenaient l’année dernière à l’ARCEP ne laissaient rien présager de bon, mais après l’affaire Orange / Cogent / Megaupload / reste du monde, aujourd’hui, un nouveau pas semble franchi par SFR pour flinguer un peu plus l’Internet français. Mais est-ce réellement SFR qui tire les ficelles ?

ITespresso qui suit de près le dossier Net Neutrality a consacré un très bon article à cette nouvelle guerre qui oppose les étranges position d’SFR à celles d’OVH, un poid lourd de l’hébergement fraîchement arrivé dans ce monde fou, fou, fou, des fournisseurs d’accès à un Internet que certains voudraient civiliser. C’est par les pixels d’Octave Klaba, fondateur et directeur technique d’OVH qu’a été rendu public ce qui semble bien expliquer une manoeuvre qui dépasse le seul cadre du business entre opérateurs. Est-ce que ce nouvel épisode mettra un terme à l’opacité des politiques de peering qui régissent les relations entre “petits” et “gros” opérateurs ? Rien n’est moins sûr… car ce nouveau malaise puise peut-être ses origines dans cette dimension parallèle que peut être le cerveau de personnes qui se sont mises en tête de réguler un monde qu’il ne connaissent pas.

SFR serait il en service commandé pour le Ministre Besson ?

La question mérite effectivement d’être posée, et Octave Klaba la pose d’ailleurs sans détour sur les forums publics d’OVH. Selon le dirigeant d’OVH, SFR souhaiterait faire payer le peering à OVH. Comme nous vous l’avons déjà expliqué dans ces pages, traditionnellement, le peering se fait par le biais d’accords entre opérateurs et est habituellement gratuit. Certes, certains opérateurs ont bien essayé de faire payer des fournisseurs de contenus lourds (on se souvient par exemple de l’affaire qui opposa en 2007 Neuf Cegetel et Dailymotion), mais entre fournisseurs d’accès dont l’utilisation du peering est raisonnable (OVH héberge principalement des pages Web et non des contenus “lourds” de types vidéo), c’est fort curieux… et de fait, ceci a de quoi légitimer les interrogations d’Octave Klaba.

Plan Grand Comique 2012

En lisant ceci, comme le dirigeant d’OVH, on se doute bien que la vérité est ailleurs. Chose détestable, cette vérité serait la piste Bercy. C’est une fâcheuse habitude que nous avons à Reflets, d’anticiper le consternant résultat de la pseudo gouvernance de Bercy sur l’Internet français.
Le ministère de l’Industrie et des finances est-il en train de devenir une souche cancéreuse de notre Internet ? Ce réseau s’est toujours très bien porté sans l’interventionnisme de l’État. Aujourd’hui, depuis que Bercy met son nez dans les relations entre CDN, opérateurs de contenus et fournisseurs d’accès, nous assistons à une dégradation significative des rapports entre ces différents acteurs. Pire, en décrétant quasi unilatéralement que les opérateurs de service prennent à leur charge le financement du réseau, Éric Besson est juste en train de foutre en l’air un splendide vivier d’emplois.

Nous ne manquerons pas au passage de demander à monsieur le ministre où il en est avec son plan Numérique 2012 dans lequel il promettait non pas monts et merveilles à l’Internet français mais le minimum syndical pour permettre à la France de rester compétitive en termes de création de services numériques à valeur ajoutée.
A savoir, le déploiement du “très” haut débit… un pauvre 100 mégas là où les autres sont en train de déployer du Gigabit. Comble de l’ironie, la situation actuelle, nous l’avions bien anticipée… et à ce stade, croyez nous, avoir raison ne nous fait pas le moins du monde plaisir. Il faut se rendre à l’évidence, Éric Besson est un très mauvais ministre pour le numérique, il n’y est pas à sa place, qu’il conserve les finances et l’industrie s’il le faut véritablement, mais de grâce, qu’il foute la paix à Internet…

La Net économie française en danger ?

Nous risquons de payer cher, très cher, cette attitude irresponsable de Bercy. On en viendrait presque à se demander si ce n’est pas là une vendetta ministérielle suite à l’affaire Wikileaks. On se souvient effectivement qu’OVH hébergeait (il n’était en fait qu’un prestataire technique) Wikileaks en pleine crise des câbles diplomatiques et qu’Éric Besson, sans aucun fondement juridique, avait appelé à ce que Wikileaks ne soit pas hébergé en France. Cette hypothèse est également loin d’être idiote quand on met la met en perspective des appels au meurtre de certains membres du Congrès américains. Wikileaks a fait bien plus que cristalliser des passions, il a été en mesure de réveiller de bons vieux réflexes totalitaristes dans les plus grandes démocraties du monde.

Ce que Bercy semble avoir beaucoup de mal à comprendre, s’il est bien derrière la nouvelle lubie de SFR, c’est que les créateurs de contenus, s’il n’y a plus d’hébergeur compétitif comme OVH en France, iront déséquilibrer un peu plus les liens de transit en allant s’héberger chez des hébergeurs discount dans les clouds de Google ou Amazon. Une fois que ces géants auront aspiré la seule chose dont la France peut encore espérer de s’enorgueillir au niveau numérique (sa créativité), Bercy aura réussi un véritable tour de force : anéantir la Net économie française.

C’est triste d’en arriver là, mais nous préférions presque l’inutilité d’une Nathalie Kosciusko Morizet à l’irresponsabilité et à l’incompétence d’Éric Besson, qui n’hésite pas un instant à s’essuyer les pieds sur les principes fondateurs du Net, sans lesquels “son marché” s’écroulera, à savoir la neutralité du Net et la liberté d’expression condition non négociable du véritable fond de commerce du Net, les “user generated contents”.
Quand ce dernier affirme qu’« Un absolutisme de la neutralité nuirait au développement des services et se retournerait contre l’objectif qu’il entend poursuivre », outre le fait que le ministre prouve ici par A+B qu’il ne sait pas de quoi il parle, il avoue effectivement à demi-mot que la France n’a pas les tuyaux de ses ambitions. Ambitions qu’il a pourtant lui même inscrit dans le marbre avec son plan Numérique 2012… une vaste fumisterie que nous avions déjà dénoncé… en septembre 2009 !

Monsieur Besson SVP, lisez ceci, et prenez le bien directement pour vous.

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Publié initialement sur Reflets.info sous le titre Éric Besson a décidément un peu de mal avec les concepts fondateurs du Net
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Crédits photo via Flickr : Régis Frasseto, cc-by-nc-sa ; Kjd, cc-by-nc-nd ; Don Solo [cc-by-nc-sa]

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HADOPI déjà six pieds sous terre ? http://owni.fr/2010/11/18/hadopi-deja-six-pieds-sous-terre/ http://owni.fr/2010/11/18/hadopi-deja-six-pieds-sous-terre/#comments Thu, 18 Nov 2010 14:43:26 +0000 Bluetouff http://owni.fr/?p=28105 Olivier Laurelli, l’homme derrière le pseudo Bluetouff opère avec brio sur le site du même nom et twitte ici.

Il en aura fallu du temps pour faire comprendre à certains ne serait-ce que 10% de la bêtise du mécanisme de riposte graduée… Mais apparemment, ça commence, petit à petit, à rentrer. Si certains députés de la majorité (en plus de ceux de l’opposition) s’étaient déjà clairement opposés à la riposte graduée, soulignant le caractère liberticide et injuste, l’infaisabilité technique et le gouffre financier qu’allait représenter son application, on gardera à l’esprit que le texte est passé comme une lettre à la Poste, ce après une censure au Conseil Constitutionnel. L’avertissement du  Conseil des Sages n’avait pas été jugé suffisant… quelle monumentale erreur.

La riposte graduée semble avoir du plomb dans l’aile

Commençons par la député Marland-Militello qui quelques semaines après avoir demandé à ce que 2 millions de plus soient accordés à la HADOPI dans la loi de finance 2011,  veut maintenant mettre l’accent sur le volet préventif, à savoir l’offre légale… ça, c’est nouveau, et passé le style stalinien qui caractérise sa prose, toujours à la gloire du chef, la député Marland-Militello appelle maintenant à un gèle de la riposte graduée à l’étape 1 tant que l’offre légale est insatisfaisante, ce qui nous fait, comme nous l’avions prévu dés le début… 12 millions pour une machine à spam, la classe !
Ce dont la député Marland-Militello ne semble pas prendre la mesure, c’est que cette offre légale, tant que les majors n’auront pas remis leur stratégie en question… elle n’est pas prête de voir le jour… et donc l’HADOPI n’est pas prête de passer à l’étape 2, le courrier recommandé.
La « révolution culturelle et éthique » dont parle la député Marland-Militello dans son dernier billet est donc bien en marche… mais à reculons.

Du consensus à « l’auto désaccord de l’Elysée avec lui même »

Plus sérieusement maintenant, le Nouvel Obs et 20 Minutes rapportent que selon le député Tardy, Nicolas Sarkozy lui même aurait évolué sur les questions numériques. La scène s’est jouée à huis-clos devant des députés de la majorité, le chef de l’Etat aurait exprimé des doutes sur le cap de sa politique numérique. Sans jamais la nommer, Nicolas Sarkozy semblait implicitement faire référence à l’HADOPI, identifiant un nouvel ennemi, cette fois ci clairement désigné, à savoir Google.

«Nicolas Sarkozy a parlé d’Hadopi sans la nommer, mais pour une fois ce n’était pas pour la vanter, mais pour dire que le texte avait été difficile à adopter et qu’il y aurait pas mal de choses à revoir sur le numérique» rapporte le député. Et d’ajouter : ??«J’ai l’impression qu’il y a une vraie prise de conscience du chef de l’Etat sur le numérique, qu’il est en train de se dire que c’est un vrai sujet et qu’il va falloir l’aborder autrement que par le seul côté répressif (… ) Peut-être qu’il se rend compte que ce n’est pas à l’échelle de la France que ça se joue. Ce serait intéressant qu’il en fasse une question internationale ».

Ce mea culpa Élyséeen, c’est bien… mais c’est trop tard

Tout ce temps perdu pour en arriver à la conclusion que nous venons de perdre encore 3 ans. Pendant ce temps, Google, lui, a préparé sa riposte non graduée à l’industrie du disque, et ça va faire mal… très mal. La taxe Google revient donc sur la table. Taxer les services en ligne est une idée assez étrange, une sorte de cyber protectionnisme alors que notre industrie culturelle n’a absolument rien à y opposer… pourquoi pas, mais permettez moi de douter. Usuellement, quand on prend des mesures protectionnistes, c’est qu’on a une offre équivalente à mettre en avant… nous on a tellement même pas de quoi faire illusion, que c’est encore le contribuable qui s’y colle.

Aujourd’hui, je dois vous avouer que j’ai les yeux rivés sur la « majorette » EMI que l’on sait assez mal en point. EMI intéresserait fortement Warner Music. Si Warner parvenait à se porter acquéreur d’EMI, il ne resterait donc plus que 3 majors pour se partager le gros du catalogue mondial. Warner  offrirait 750 millions de dollars à Terra Firma Capital Partners, principal actionnaire d’EMI et le plus gros créancier de la majorette, Citigroup, pousserait également Terra Firma Capitals Partners à céder ses parts. Il ne resterait donc plus, si ce rachat venait à se concrétiser, que Sony (qui avait déjà croqué BMG), Universal Music (Vivendi), et Warner Music Group dont le titre boursier a pris presque 7% depuis le jour de la propagation de la rumeur… Et ça pour l’industrie du disque, c’est dans le meilleur des cas…

Devinez ce qui arriverait si Apple, qui détient déjà la plateforme de distribution (iTune), ou Google qui a des vues manifestes sur les contenus musicaux, se décidaient à faire une offre pour croquer EMI. Ceci sonnerait tout simplement le glas de l’industrie du disque « à la papa » à laquelle l’ami Pascal tente de se raccrocher comme il le peut.

Le combat n’est cependant pas terminé

Maintenant que la conséquence semble vouée à une petite mort, il va falloir se débarrasser de la cause. Le délit que sanctionne la riposte graduée est bien pire que la riposte graduée elle même, la contravention pour négligence caractérisée DOIT être purement et simplement supprimée du texte de loi. Le défaut de sécurisation de l’accès Internet reste d’une bêtise sans nom et fait planer le spectre d’une sanction sur les plus vulnérables. Ce n’est pas acceptable et nous ne l’accepterons pas.

La rémunération des créateurs est toujours la grande oubliée

HADOPI n’a trompé personne, les auteurs n’ont jamais eu à y gagner quoi que ce soit, et ça commence aussi à se voir. D’ailleurs, ça se voit tellement que le législateur veut maintenant taxer de manière outrancière les gros bénéfices d’une industrie qu’HADOPI était sensée sauver d’une mort certaine… du grand n’importe quoi. Taxer les bénéfice d’une industrie en crise ? Vous le voyez mieux l’impact du piratage sur cette industrie maintenant ?

Et pendant ce temps, les créateurs, eux, sont toujours victimes de l’opacité de la redistribution de la taxe sur la copie privée et victimes des conditions financières des majors qui ont surtout profité du virage numérique pour manger encore plus de marge sur les oeuvres vendues une fois dématérialisées.
Tout ça pour ça…

Article initialement publié sur le Bluetouff’s blog

Crédits photos : CC FlickR roland, opensourceway; missha

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http://owni.fr/2010/11/18/hadopi-deja-six-pieds-sous-terre/feed/ 1
Monsieur le Ministre de la Culture, je vais vous aider à comprendre http://owni.fr/2010/11/12/monsieur-le-ministre-de-la-culture-je-vais-vous-aider-a-comprendre/ http://owni.fr/2010/11/12/monsieur-le-ministre-de-la-culture-je-vais-vous-aider-a-comprendre/#comments Fri, 12 Nov 2010 20:01:35 +0000 Bluetouff http://owni.fr/?p=35480 Numérama rapportait hier, que dans une interview accordée à France 24, notre Ministre de la Culture qui ne comprend pas comment nous en sommes arrivés là avec HADOPI. C’est quelque chose que j’avais déjà tenté d’expliquer ici à propos de la négligence caractérisée. Frédéric Mitterrand semble surpris du bourbier qu’est HADOPI :

Je peux comprendre, je n’ai aucune envie de diaboliser les adversaires. D’abord parce que ça n’est pas dans ma nature, et puis en plus quand il y a des adversaires très très résolus, c’est qu’ils ont une pratique, c’est qu’ils ont des habitudes, etc. Il faut essayer de comprendre pourquoi ils en sont arrivés là

Je vais donc essayer, monsieur le Ministre, de vous apporter quelques réponses, rien d’exhaustif, mais quelques points qui font que cette loi, en l’état, ne peut être acceptées des internautes.

Les odieuses tractations entre gens tous d’accord (ou presque)

L’accord Olivennes [PDF], qui sont aussi et surtout les accords de l’Elysée, ou plutôt les accords du Fouquet’s, ont commencé à éveiller notre attention. Tout ceci s’est joué de manière convenue entre personnes toutes d’accord entre elles à l’exception de Xavier Niel. De par sa fonction, le dirigeant de Free ne pouvait pas ne pas être convié. Il a donc fallu lui faire une forme de chantage (à coup de licence 3G) pour qu’il consente à aller à reculons signer une feuille blanche, chose qu’il confiera peu après à la presse [NDLR: Xavier Niel est depuis peu actionnaire d'OWNI]. Comble du cynisme Monsieur le Ministre, votre prédécesseur, Madame Albanel a osé appeler cette mascarade un « consensus ». On voit bien aujourd’hui ce que donne ce consensus.

Ceci ne trompe aujourd’hui plus personne, il est maintenant de notoriété publique que ces pseudos accords étaient uniquement destinés à mettre en place l’inacceptable… et devinez quoi… 3 ans après c’est toujours aussi inacceptable et non accepté. Internet a une mémoire.

Je frappe d’abord et je discute après

L’intégralité des débats parlementaires sur HADOPI ont offert un triste spectacle aux internautes qui se sont passionnés pour ce texte qui entend modifier plus de 10 ans d’usages. Certes, vous êtes arrivés en cours de route, mais jetez au moins un œil sur tout ce que vous avez raté, le médiakit de la Quadrature du Net, que votre prédécesseur qualifiait de 5 gus dans un garage, pourrait vous être utile.

Tout y est passé : listes blanches, filtrage, sur-référencement de l’offre légale (atteinte manifeste à la libre concurrence), présomption de la culpabilité, atteinte à la liberté d’expression, double et triple peine… et hop une censure au Conseil Constitutionnel. Puis HADOPI 2, passage en force, contournement juridique de l’avis du Conseil des Sages grâce au subterfuge de l’ordonnance pénale… bien joué, mais ça ne sera pas suffisant.

Malgré ces signaux, le gouvernement a jugé opportun de passer en force manifestant un profond mépris de notre démocratie, un mépris de l’opposition, même quand cette opposition était dans son propre camp et prodiguait des conseils souvent très avisés.

Bilan, aujourd’hui nous avons :

  • toujours pas d’offre légale (elle est si pitoyable que c’est le contribuable qui en est de sa poche pour essayer d’en faire la promotion et je ne parle même pas de la risible mise en place) ;
  • toujours pas de moyen de sécurisation ;
  • des gens s’enrichissent grâce à HADOPI ;

Au moins il y a une certaine constance dans la méthode : on frappe d’abord, on discute après. On stigmatise un problème (la rémunération des auteurs) sans y apporter de solution. Et quand on se trouve dans ce genre de situation, il ne fait pas l’ombre d’un doute que l’on fait partie intégrante du problème.

Donc non, HADOPI n’est pas une solution, elle est le problème. Vous pouvez croiser tous les doigts que vous voulez Monsieur le Ministre, HADOPI ne peut fonctionner, et ne fonctionnera pas. Sur Internet on ne peut pas envoyer de CRS pour disperser les manifestants, votre gouvernement a voulu le conflit, il a maintenant une guérilla sur un champ de bataille qu’il ne connait pas et pour lequel il n’a pas d’arme adaptée. Les internautes ne lancent plus de pavés, mais des octets. Il va vous falloir faire face au mieux à un cyber 68, au pire un superbe bourbier qui pourrait très bien dégénérer.

Multiples manifestations d’incompétence

Un bon lien valant mieux qu’un long discours, je vous invite à lire et visionner ceci. Je ne sais pas pour vous, mais personnellement je ne peux me résigner à accorder le moindre crédit à ce texte quand je vois le sérieux avec lequel il a été voté. HADOPI est une blague, depuis le début, et si la HADOPI espère faire peur avec ça, et bien c’est pas gagné ! Au mieux ce texte fait rire, au pire il agace, mais faire peur… bon allez, si ça vous le fait abroger, pas de problème je suis prêt à déclarer publiquement que je suis mort de trouille et on en parle plus et tout le monde est content.

HADOPI défend les intérêts des copains du Fouquet’s

Le cynisme d’HADOPI ne s’arrête pas là. Êtes-vous en mesure, monsieur le Ministre, de me citer un seul nom d’artiste qui a gagné ne serait-ce qu’un seul centime grâce à ce texte ? Moi, d’ici, ce que je vois, c’est que le contribuable injecte 50 millions d’euros sur deux ans en période de crise dans une odieuse carte musique jeune, en plus de tous les cadeaux qui ont été faits aux industriels de la culture.

Mais les artistes sont bien les grands oubliés. Que faites vous pour eux avec ce texte monsieur le ministre ? Les artistes que je connais sont dans leur grande majorité dans une précarité assez extrême, et vous distribuez des millions à tour de bras à une industrie qui se porte parfaitement bien ! C’est indécent. Faisons un peu l’addition pour le contribuable d’ailleurs.

Et non, ce n’est pas gratuit !

  • Débats parlementaires : environ 180 millions d’euros (nombres de Parlementaires multiplié par le salaire en jours, multiplié par le nombre de jours de débats + commissions parlementaires. Allez je suis sympa, je ne compte même pas les salaires ministériels, ni ceux des attachés parlementaires et ministériels. Avec ça on pourrait facilement doubler le coût de la mascarade)
  • Un site de propagande, jaimelesartiste.fr : 80 000 euros pour 3 semaines d’uptime.
  • Carte musique Jeune : 50 millions d’euros sur 2 ans
  • Budget de la HADOPI : 12 millions par an, on va lui donner une espérance de vie de 2 ans, jusqu’en 2012 et partir sur une enveloppe globale (surement sous estimée) de 22 millions d’euros
  • Identification des internautes : quelques patates « indolores » aux dires de Christine Albanel soit 8,5 euros, multipliés par 50 000 adresses IP par jour, multiplié par 365 jour dans l’année : 155 125 000 euros ! Comme je ne crois pas un instant au chiffre annoncé de 50 000 saisines par jour, on va être gentil et tabler sur 5 000 par jour, ce qui nous fait une enveloppe déjà confortable de 15,5 millions d’euros, auquel on ajoutera la remise spéciale faux cul de FAI (ces gens qui font de la pub pour du téléchargement illimité) concédée par Orange, Numéricable et SFR, il faudra peut-être un jour dédommager Free, tablons sur un timide 4 millions d’euros.
  • … je m’arrête là parce que je suis en train de perdre mon calme, mais il faudra ajouter à ça encore une tournée de débats parlementaires pour faire sortir ce texte de notre corpus législatif, les frais de dédommagement en justice des « erreurs » de l’HADOPI. La facture totale en 2012 pourrait s’élever assez facilement à un demi milliard d’euros si on veut vraiment appliquer ce texte ! Et à côté de ça on rabote sur les jeunes entreprises innovantes qui sont l’avenir de nos emplois et l’un des moteurs de notre croissance pour économiser 50 millions d’euros !

Tout ça pour un texte inapplicable qui sera abrogé et dont nos enfants se moqueront pendant des générations. Dans un siècle, HADOPI sera étudiée dans les classes d’histoire comme un épisode tragicomique du 21e siècle.

Et après ça, Monsieur le Ministre, vous vous étonnez que l’opposition à ce texte soit si importante? Moi pas. je trouve même parfaitement logique que la pilule de la réforme des retraites passe mieux que celle d’HADOPI.

Article initialement publié sur Bluetouff

Crédits photo cc FlickR : Elgin County Archives, Okinawa Soba, ilopezyou.com, nathangibbs.

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Et si le Président pouvait couper Internet ? http://owni.fr/2010/06/20/et-si-le-president-pouvait-couper-internet/ http://owni.fr/2010/06/20/et-si-le-president-pouvait-couper-internet/#comments Sun, 20 Jun 2010 15:41:47 +0000 Bluetouff http://owni.fr/?p=19505 On se calme ! L’idée ne vient pas d’un député français mais de sénateurs américains (… ah ! Vous non plus ça ne vous rassure pas ?). En plus elle n’est pas vraiment nouvelle. Mais n’empêche quand on y pense, ça peut faire un peu peur.

On sait qu’Internet est au cœur de tous les systèmes d’information des entreprises, des administrations, des forces armées… cet état de fait rend vulnérable une nation à des attaques encore rares mais bien réelles, comme on a pu le voir avec la Géorgie ou l’Estonie. Le Sénat américain propose donc que le président puisse avoir le loisir d’éteindre une partie du Net en cas d’attaque ou de diffusion d’une information pouvant mettre en danger la Nation. Typiquement la diffusion d’informations financières erronées destinées à faire plonger un cours de bourse en vue d’une OPA, ou, et là c’est plus sérieux, des informations classées défense.

« Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre un cyber 11 septembre avant que notre gouvernement réalise l’importance de protéger nos ressources informatiques. » (Susan M. Collins)

Le projet de loi est principalement porté par le sénateur Joe Lieberman qui le décrit comme un ensemble de mesures visant « à préserver les réseaux actifs et de notre pays et de protéger notre peuple ». C’est un discours qui nous est assez familier en Europe, car la censure, c’est bien connu, c’est toujours pour « vous protéger ». TechAmerica s’inquiète de dérives possibles et d’un risque de contrôle absolu de l’État sur le Net qui s’octroie par exemple le pouvoir « d’arrêter ou de limiter le trafic Internet sur les systèmes privés ».

Concrètement, le président disposerait du droit de contrôler l’Internet… un terme qui revient de plus en plus sur la table et qui passera probablement les frontières dans peu de temps. Contrôler un flux d’information est fort complexe, la meilleure solution reste donc celle du blackout pur et simple et c’est bien ce qu’envisage le Sénat américain. Le projet implique que toutes les entreprises, les moteurs de recherche, les réseaux sociaux, les sites d’information… devront se plier aux directives du DHS (Department of Homeland Security) qui prend la menace Internet de plus en plus au sérieux.

Rappelons que contrairement à la stratégie politique qui se dessine en France, les fournisseurs d’accès américains n’ont aucun droit d’exercer une surveillance des citoyens américains.

Les USA cherchent le fondateur de Wikileaks

Cette proposition intervient dans un contexte international assez tendu pour les USA qui traquent activement le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange et l’arrestation de Bradley Manning qui est soupçonné d’être la source du plus gros buzz de WikiLeaks, une vidéo assez horrible que je n’ai pas vraiment envie de diffuser ici. Filmée à Bagdad au cœur des affrontements depuis un hélicoptère de l’armée américaine, on peut y voir un groupe de personnes (en fait un journaliste et des civils … même deux enfants) sur lequel l’hélicoptère ouvre le feu. C’est un carnage. WikiLeaks assure le teasing d’une prochaine vidéo à venir et les autorités américaines sont sur les dents car cette histoire plonge l’administration dans un sérieux embarras, on peut les comprendre.

Si cette loi venait à passer aux USA, nous aurions donc de fortes chances d’hériter dans nos contrées de projets de loi similaires (même si elle ne passe pas d’ailleurs), la grande inconnue maintenant est la définition exacte du périmètre de la main mise des États sur le Net.

Billet initialement publié sur Bluetouff’s blog ; photo CC Flickr nrkbeta

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http://owni.fr/2010/06/20/et-si-le-president-pouvait-couper-internet/feed/ 4
#DPI inside: l’octet sera légal ou ne sera pas! http://owni.fr/2010/05/04/dpiinside-l%e2%80%99octet-sera-legal-ou-ne-sera-pas/ http://owni.fr/2010/05/04/dpiinside-l%e2%80%99octet-sera-legal-ou-ne-sera-pas/#comments Tue, 04 May 2010 10:42:09 +0000 Bluetouff http://owni.fr/?p=14404 Comme je vous le disais, j’en ai pas dormi. Tout ce passe comme nous l’avions imaginé dans le pire des scénarios imaginables. Il faut d’abord bien écouter ce que dit ce monsieur, puis vous souvenir de cette histoire de « quasi neutralité », ou encore de NKM qui nous explique que la neutralité c’est accéder à tous les contenus « légaux » transformant avec sa baguette magique les backbones en cyber douaniers capables de reconnaitre des octets contrefaits. Il faut dire qu’on l’avait senti venir de loin le Deep Packet Inspection !

La petite soirée de lancement de la Hadopi a été riche et Marc Rees de PCInpact, présent sur les lieux, a enregistré des perles ! J’ai eu la chance de l’avoir au téléphone dés son retour et c’est la voix empreinte de consternation qu’il m’a révélé que la Hadopi planifiait bien l’insoutenable en confiant une mission à un anti Net neutrality convaincu, Michel Riguidel, celle de spécifier techniquement le mouchard Hadopi.

Chers internautes, la riposte graduée est bien une étape pour instaurer le filtrage DPI. Je soupçonne aujourd’hui fortement le gouvernement d’avoir instrumentalisé l’ARCEP d’une manière assez abjecte : « vous avez vu comment on est forts en démocratie et en écoute ? On vous a servi des supers spécialistes »… et hop on nous sort une « quasi neutralité » dans laquelle le téléchargement illégal devient prétexte à filtrer Internet en utilisant des outils dont on est assuré que d’une chose, c’est qu’ils ne sont pas maîtrisés.

Mais il y a un petit hic… c’est que le DPI, ça n’est possible que sur les infrastructures des fournisseurs d’accès, à des endroits bien stratégiques du réseau. La Hadopi dit entretenir de bonnes relations avec les fournisseurs d’accès et que les expérimentations de filtrage avancent. C’est amusant, car ayant travaillé pour un FAI et entretenant encore quelques relations, j’entend tout le contraire et j’ai plus tendance à croire mes sources que la Hadopi. Et mes sources disent que le DPI, ils n’en veulent pas, ils n’en poseront pas (sauf obligation légale), et surtout ils ne le financeront pas ! On sait aussi que pas un seul centime n’a encore été déboursé aux FAI pour supporter le coût des délires orwelliens des cyber pieds nickelés.

Hadopi devrait donc en toute logique être étendue à d’autres protocoles que le peer-to-peer, en tous cas la Hadopi souhaite s’équiper en ce sens. En tout cas en France, qu’on se le dise, la Net neutrality, c’est fini !

Les mails partiront bien sans que le mouchard Hadopi ne soit labellisé

Et oui ! Notre madame Michu devra se taper une formation accélérée d’administrateur système et réseaux, la Hadopi laissera à la discrétion du juge toute contestation, si tant est que notre madame Michu ait les moyens techniques et surtout financiers de se défendre, elle est bien présumée coupable ! La Hadopi souhaite passer en force… Un très mauvais calcul face aux internautes qui ne manqueront pas de se rappeler à son bon souvenir. Le décret d’application concernant le délit de négligence caractérisée est évidemment toujours très attendu et ne devrait plus tarder. La CNIL émettra un avis mais rappelons que ce dernier n’est que consultatif.

Mais ne nous pressons pas car le mouchard Hadopi nous promet aussi de grands moments, on le soupçonne toujours aussi fortement de s’asseoir sur un modèle client / serveur (j’ai beau chercher, il n’y a que comme ça qu’il peut fonctionner). Le serveur communiquerait la liste des fichiers (les hashing) et le mouchard irait scanner les disques durs. Heureusement, pour le mettre en prison dans une machine virtuelle, TMG vous propose de télécharger VMWare sur l’un de ses serveurs.

La Hadopi a dû sentir le vent venir, du coup, le mouchard installé sur l’ordinateur ne suffira plus à disculper un internaute, il ne devient qu’un élement parmi d’autres.

Autre information importante, les critères qui détermineront si le dossier d’un internaute incriminé est transmis ou non au parquet reste un mystère. Après le délit de sale gueule, nous orientons nous vers un délit de sale IP ?

La pédagogie, avec HADOPI, c’est terminé, il ne reste plus que le volet répressif.

Mireille Imbert-Quaretta, membre de la commission s’en explique d’ailleurs le plus tranquillement du monde : « Hadopi ne vise pas les pirates, mais la négligence caractérisée, si l’internaute a fait en sorte que son ordinateur ne soit pas assez protégé face aux risques de piratage. »

Un logo plus respectueux du droit d’auteur #lol

Plus anecdotique, la Hadopi a abandonné son logo ou elle utilisait une typographie dont elle n’avait pas les droit. C’est plus austère, elle perd son gros nez rouge.

Le temps pour moi de digérer les articles et d’écouter attentivement les enregistrements réalisés par PCInpact, et c’est promis, on n’a pas fini d’en causer.

Voici les articles promis de PCInpact :

Merci Marc pour le boulot abattu cette nuit.

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Billet initialement publié sur Bluetouff’s blog sous le titre “HADOPI : Le Deep Packet Inspection est bien au menu”.

Photo CC Flickr Antonin Moulart

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http://owni.fr/2010/05/04/dpiinside-l%e2%80%99octet-sera-legal-ou-ne-sera-pas/feed/ 2
Droit à l’oubli numérique: pourquoi c’est crétin? http://owni.fr/2010/04/16/droit-a-l%e2%80%99oubli-numerique-pourquoi-c%e2%80%99est-cretin/ http://owni.fr/2010/04/16/droit-a-l%e2%80%99oubli-numerique-pourquoi-c%e2%80%99est-cretin/#comments Fri, 16 Apr 2010 15:10:02 +0000 Bluetouff http://owni.fr/?p=12471 Attention, malgré un titre provocateur, ma position sur ce point est loin d’être tranchée, je ne nie pas qu’il existe des cas dramatiques, en revanche je trouve stupide de légiférer sur ce qui est techniquement absurde et dangereux (notre corpus législatif est déjà suffisant pour répondre aux problématiques de retraits de contenus diffamatoires ou portant atteinte à la personne). Je réagis à un tweet de @versac signalant qu’une consultation est actuellement en cours sur ce thème et dénonçant par là les « sécuricistes »… point sur lequel je le rejoins parfaitement, et voici pourquoi :

Primo, la problématique :

Oui certaines personnes, peu éduquées numériquement ont à souffrir de ce que la tendance marketing actuelle appelle la e-réputation. Il y a même des cas dramatiques (Cindy Sanders si tu me lis…). Pour les gens comme tout le monde (… tout le monde n’a pas le don d’un Frédéric Lefebvre pour se faire détester des internautes) tout commence par une confiance excessive sur les informations qu’ils diffusent sur le Net via des blogs, des réseaux sociaux ou autres. L’information peut être reprise, déformée et rediffusée… comme dans la vraie vie. Il y a bien des cas dramatiques qui existent, par exemple des mineurs s’exhibant devant des webcams et se retrouvant sur des sites malsains, mais là encore il s’agit d’un manque véritable d’éducation et les parents en sont au moins aussi responsables que les victimes elles mêmes.

De nombreuses questions autour de ce fumeux concept de droit à l’oubli :
- Que sommes nous prêts à accepter pour pardonner la bêtise des uns et le manque d’éducation des autres ?
- Comment faire pour sortir des informations qui sont entrées dans le réseau ?
- Combien cela coûterait-il ?
- Qui appliquerait un blocage (les FAI ?) ou ferait appliquer un retrait de contenu ?
- On le ferait sur demande de n’importe qui ou faudrait il que ce soit un juge qui ordonne pour un motif constitué légalement le droit à l’exercice de cette demande d’oubli ?
- Est-ce que ça ne risque pas de nuire à des choses bien utiles comme le site Archive.org qui s’est donné pour mission d’être la mémoire du web ?

En pratique, faire retirer un contenu peut être envisagé comme la solution… sauf que le réseau des réseaux ne connaissant pas de frontière, l’information est répliquée et rediffusée hors de nos juridictions, elle est dans le cache des moteurs de recherche, sur les disques durs des gens qui l’ont visionnée… En soi, l’oubli sur Internet n’est donc techniquement pas possible, il est même complètement absurde. N’importe qui pourra l’archiver une information et la rediffuser des années après. On dit que les Français n’ont pas de mémoire, c’est peut être aussi pour ça que le Net a un rôle sociétal à jouer.

Il m’est avis que ce droit à l’oubli est illusoir, c’est tout ce qu’un certain bisounours hémiplégique (Emmanuel Hoog, si vous ne voyez pas de qui je parle) a trouvé pour faire parler de lui… et il a réussi son coup. À quand une consultation publique sur l’engagement de l’État dans le déploiement d’un réseau fibré gigabit accessible aux particuliers (comme c’est déjà le cas en Corée du Sud) ?

Pour citer un ami qui se reconnaitra, « La France n’a pas les tuyaux de ses ambitions », elle a en ce moment en revanche un faculté hallucinante à légiférer sur des âneries.

En complément d’information, je vous invite à lire le savant billet de Denis Ettighoffer avec lequel je me suis pourtant souvent opposé à l’époque où je n’étais qu’étudiant à l’ISTEC ;)

PS : Denis, je suis ravis de constater que vos positions sur le monde du logiciel libre ont évolué ;)

Billet initialement publié sur Bluetouff’s blog

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J’ai mal à ma Net neutrality http://owni.fr/2010/04/09/j%e2%80%99ai-mal-a-ma-net-neutrality/ http://owni.fr/2010/04/09/j%e2%80%99ai-mal-a-ma-net-neutrality/#comments Fri, 09 Apr 2010 13:57:22 +0000 Bluetouff http://owni.fr/?p=11928 La neutralité du Net semble attaquée de toute part en ce moment par les FAI: en France avec Orange, aux États-Unis avec Comcast… Il est pourtant primordial de défendre cette notion.

Aujourd’hui, ce n’est pas une news qui me fait réagir mais deux. La première est issue de l’excellent billet de Fabrice dont je vous recommande vivement la lecture et qui épingle Orange comme il se doit … mais Fabrice est à mon sens encore trop gentil et nous allons voir pourquoi. La seconde est une décision de justice américaine qui piquote derrière les yeux.

Allez, c’est parti, on commence svp, par visionner cette nouvelle vidéo, suite d’une longue série thématique sur la définition de chacun de la Net Neutrality lancée par l’ARCEP (que je remercie au passage très chaudement pour cette initiative qui n’a pas finit de faire pisser du pixel).

Dernier épisode en date, Stéphane Richard, directeur Général d’Orange, pour qui la Net Neutrality revêt une définition pour le moins assez singulière.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Heureusement que nous avons Orange pour nous faire un petit recadrage sémantique !

Puis c’est vrai ils sont un peu cons à l’ARCEP, ils parlent d’Internet Neutre alors que chez orange l’Internet il est « ouvert »… mais pas neutre … c’est une spécificité d’Orange, ne cherchez pas à comprendre.

Pour vous la faire courte :

  • Orange, Chine et Iran = Internet ouvert (n’importe qui peut se connecter  à un Net qui repose sur des protocoles ouverts… la classe, oui sauf que c’est tout sauf nouveau)
  • Reste du Net (sauf Chine et Iran) = Internet ouvert et neutre.

Rappelons que pour être « ouvert et neutre » (au passage si Internet était fermé on appellerait ça un Lan … AOL a essayé … AOL n’existe plus … CQFD) on ne doit pas assister à ce  mélange des genres entre FAI qui fournissent les tuyaux et producteurs de contenus… ça aussi, c’est une particularité française, merci Universal/SFR, merci Numericable, merci Orange, et dans une moindre mesure mais il a pas dit son dernier mot … merci Bouygues/TF1…

L’Internet français est ouvert, mais il est loin d’être neutre

Sur ce point, Stéphane Richard a raison, l’Internet français est ouvert, mais il est loin d’être neutre, pour la bonne et simple raison que certains FAI sont de véritables rapaces et qu’ils n’ont rien trouvé de mieux que d’imposer leurs propres contenus à leur abonnés « en exclusivité », pour se faire des pépettes.

Maintenant, si vous me demandez si je trouve ça normal … je vous répondrais que non, je trouve ça malsain et honteux, mais encore une fois, le Net français, tu l’aimes ou tu te casses ! Inutile donc de me demander pourquoi ce blog est hébergé en Suède et pourquoi je compte délocaliser à terme tous mes sites.

D’ailleurs, je m’amuse de voir que je ne suis pas le seul et que certains parti politiques en font de même ! Je vous rappellerais donc simplement une petite citation de Benjamin Bayart lors de la table ronde à la Cantine sur la Neutralité du Net :

“Quand 10% de la population a envie de prendre le maquis c’est qu’on commence à vraiment être dans la mouise”

Ce terme de neutralité, Orange ne l’aime pas, c’est d’ailleurs assez explicable, il y a certains signaux qui ne trompent pas. Vous ne voyez pas de quoi je veux parler ? Allez je vous aide …

“En 2010, pour me remercier de mes compétences en matière d’Internet  et pour avoir appliqué en bon petit soldat la volonté présidentielle de faire voter un texte inapplicable, qui n’a ni queue ni tête et que je n’ai même pas réussi à faire passer du premier coup, je me vois confier un poste de responsable des contenus chez un grand FAI français, ce, afin de porter une nouvelle fois atteinte au principe de Neutralité du Net”

Qui suis-je ? … Bingo Christine Albanel ! Orange a inventé la Net Neuneutrality® … exception culturelle quand tu nous tiens !

Comment voulez vous qu’un opérateur qui embauche une personne qui a prouvé qu’elle avait non seulement une incompétence manifeste sur ces sujets et qui en plus est à la solde des industries culturelles soit d’accord avec le principe de Net Neutrality ?

Revenons en à l’ami Stéphane Richard qui confesse volontiers ne pas être un spécialiste de l’Internet (là tout de suite comme ça, ma première réaction est de me demander ce que fout ce type à la direction générale du plus important FAI français … pas vous ?).

Notez que le monsieur sur la vidéo n’en ramène pas lourd non plus, “je ne suis pas un ancien dans les réseaux, je suis tout neuf”, comprenez “j’y capte rien moi à Internet, j’ai été embauché pour faire de la thune alors venez pas me gonfler avec votre neutralité”.

Et la thune, je la fais comme je veux, si je veux que mon FAI soit partenaire avec le Figaro, il ne m’apparait pas choquant que tous mes abonnés se voient interdire l’accès à d’autres journaux ou sources d’actualités en ligne… ou alors ils auront le droit mais ce sera payant… faire payer sur son réseau l’accès à une information gratuite sur tous les autres réseaux pour privilégier ses propres contenus, voilà une idée qu’elle est séduisante … bienvenue dans la vie.com avec Orange.

Assez trollé et si vous souhaitez lire des arguments sérieux « contre » la Net Neutrality, ce sont ceux avancés par Alexandre Archambault, responsable des affaires réglementaires chez Iliad, qui contrairement à monsieur Richard connait bien son sujet.

Et encore, après bonne lecture, vous comprendrez que la position d’Alexandre, fort juste, ne va pas tant que ça contre la « bonne intelligence » d’une Net Neutrality responsable, cohérente, où toutes les parties seraient gagnantes, vous verrez en plus que c’est quand même dit avec une autre classe et une réflexion plus poussée que ce que nous sert monsieur Richard…

Toujours suite à cet argumentaire d’Alec, je vous invite ensuite à lire la réponse de Benjamin qui vaut comme d’habitude son pesant de cacahuètes.

FCC vs Comcast

Ce qui nous mène au second point de ce billet qui est l’affaire FCC vs Comcast, un opérateur qui s’était fait taper sur les doigts car il s’adonnait à du trafic shaping un peu trop prononcé sur les réseaux P2P. Cette décision en appel n’a évidemment pas non plus échappé à Fabrice.

L’affaire remonte à 2007, la FCC (Federal Communication Commission) qui est l’équivalent de l’ARCEP aux USA avait sommé Comcast, le Orange local, de ne pas s’adonner au filtrage des contenus au nom du principe de Net Neutrality.

Elle gagna le procès contre l’opérateur en première instance marquant ainsi un point en faveur de la Net Neutrality. La cour d’appel fédérale a tranché, la FCC n’a pas le droit  d’imposer la Net Neutrality à Comcast.

La décision en appel intervient à un moment particulier, car croyez le ou non, les USA sont un véritable désert numérique… aux USA, ils n’ont pas Free, ils n’ont rien compris.

L’offre plafonne souvent à 5 mégas sur un réseau câblé vieillissant et la FCC lance un plan national en faveur du haut débit.

La FFC comptait bien faire de la Net Neutrality une composante importante de son plan et pour qui connait Internet, on se rend vite compte que non seulement c’est la bonne méthode mais qu’en plus cette Net Neutrality est nécessaire pour qu’un accès au haut débit se fasse dans les meilleures conditions pour tous (et là je pense surtout accord de peering pour les petits opérateurs locaux qui pullulent aux Etats Unis).

Cette décision est fort intéressante, car elle est à mettre en parallèle avec l’action de l’ARCEP dont on sait qu’elle n’a qu’un rôle consultatif … un peu comme une Haute Autorité sans autorité (oh c’est un peu facile … mais oui … comme HADOPI). Sauf  que contrairement à HADOPI, l’ARCEP a une utilité réelle et coûte au contribuable 10 à 50 fois moins cher. Si les avis de l’ARCEP sont consultatifs, ils n’en demeurent pas moins souvent fort respectés car guidés par la bonne intelligence, pour le bien commun et pour le bien des réseaux.

Attention, cette décision de la cour d’appel fédérale ne veut cependant pas dire que la Net Neutrality est morte aux USA, cette problématique reste au coeur des préoccupations des internautes américains comme des politiques qui se sont emparés de cette cause, flairant l’importance que ce débat revêt pour une démocratie saine.

Il faut donc s’attendre à de nouveaux rebondissements sur ce dossier très sensible.


> Article initialement publié sur le blog de Bluetouff

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Une association de victimes de pédocriminels s’élève contre le blocage des sites http://owni.fr/2010/04/01/une-association-de-victimes-de-pedocriminels-s%e2%80%99eleve-contre-le-blocage-des-sites/ http://owni.fr/2010/04/01/une-association-de-victimes-de-pedocriminels-s%e2%80%99eleve-contre-le-blocage-des-sites/#comments Thu, 01 Apr 2010 14:41:49 +0000 Bluetouff http://owni.fr/?p=11352
Photo CC Flickr Matteo Bonera
Photo CC Flickr Matteo Bonera

MOGiS e.V., une association allemande de victimes d’abus sexuels sur mineurs, dénonce une politique hypocrite, faits et chiffres à l’appui.


Supprimez, ne bloquez pas! — Agissez, ne fermez pas les yeux!

Ce slogan est celui de MOGiS e.V. une association allemande de victimes d’abus sexuels sur mineurs, créée en avril 2009. MOGIS e.V., courageusement, s’élève contre le blocage des sites avec des arguments limpides. Le constat est très sévère sur cette politique de blocage de sites. Faits et chiffres à l’appui, MOGIS e.V. réagit très vivement à  la fuite récente de la proposition du Conseil des ministres de l’Union européenne. Dénonçant cette politique hypocrite qu’est le blocage des sites, son porte parole, Christian Bahls nous rappelle que  :

En jetant un œil aux statistiques de la police allemande, on constate qu’un enfant sur cent qui ont été sexuellement abusés (la plupart du temps par des membres de la famille ou des proches) l’a été devant une caméra ou un appareil photo (98 sur 15098 victimes d’abus en 2008).

et que

Sur Internet, l’un des canaux de redistribution est le web. Les autres, beaucoup plus importants, sont le P2P et le courrier électronique. En 2008, « Internetbeschwerdestelle », le contact allemand de INHOPE a enregistré 2562 plaintes, sur ces 2562 plaintes, seulement 449 étaient des contenus se trouvant sur le web.

mettant ainsi le doigt sur l’hypocrisie et l’inefficacité de la démarche.

A lire de toute urgence et à diffuser le plus largement possible (le document est traduit en neuf langues, je suis, avec l’aide de fo0, le contributeur qui vous propose ce texte en français et je soutiens évidemment largement cette initiative et les pistes de lutte contre la pédocriminalité que MOGIS défend… et vous ?

Billet initialement publié sur Bluetouff’s blog

Image de une CC Flickr Hayley_Bouchard

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ACTA: vers un Yalta de l’Internet? http://owni.fr/2010/03/29/acta-vers-un-yalta-de-l%e2%80%99internet/ http://owni.fr/2010/03/29/acta-vers-un-yalta-de-l%e2%80%99internet/#comments Mon, 29 Mar 2010 16:14:37 +0000 Bluetouff http://owni.fr/?p=11102 acta_hires-300x194

Alors qu’une poignée de politiques à travers le monde commencent à s’inquiéter de l’ACTA, cet accord commercial multilatéral de libre échange négocié secrètement, les pays, concernés ou pas (tous le seront à terme et nous allons ici le démontrer), commencent à prendre des mesures pour appréhender ce qui était jusqu’à aujourd’hui un espace virtuel d’exercice de ses libertés pas virtuelles du tout (nous avons, en France, une décision du Conseil Constitutionnel pour en attester).

Rappelons que l’ACTA vise à lutter au niveau mondial contre les échanges de fichiers soumis à copyright. L’ACTA est évidemment porté par les USA, forts de leur industrie culturelle et de la toute puissante RIAA dont on reconnait la griffe. La position des Etats-Unis est assez claire : elle souhaite mettre un terme aux échanges peer to peer (et pas seulement), mettre en place des dispositifs de filtrage (chose qu’elle ne peut pas faire de manière unilatérale à cause de la nature acentrée du réseau Internet), créer des officines privées sur le modèle HADOPI pour la mise en place d’une riposte graduée globale sans avoir à passer par un juge.

La lutte contre la contrefaçon numérique est-elle vraiment nécessaire ?

Je sens que certains vont me trouver un peu gonflé, mais bon lâchons nous, vous allez voir c’est une question de point de vue. Si la contrefaçon numérique est inscrite dans le corpus législatif de nombreuses nation, ce n’est pas le fruit du hasard. On a toujours transposé au virtuel ce qui existait dans le réel, rien d’étonnant donc à voir apparaître des lois qui tendent à protéger ici le copyright ou là le droit d’auteur.

Depuis l’apparition de Napster, il est apparu comme une évidence que l’Internet était une énorme machine à copier. Sans contrainte, sans verrou, elle permet de faire des copies immatérielles à l’identique d’un bien culturel.

La première réaction des industries a donc été de tenter de poser des verrous, d’abord avec les formats (toutes les tentatives ont été des flops retentissants : Real, Microsoft WMA/WMV/ASF, Sony …;  ensuite avec les DRM. Ceux-ci auraient très bien pu fonctionner si la cupidité des uns et des autres ne les avait pas mener à tenter d’imposer chacun leur pseudos « standard » non intéropérables.

On peut appeler cette période l’an 2 de l’Internet : celle où les industries ont tenté, par la technique, d’imposer au Net de la fermeture après plusieurs années d’ouverture. C’était évidemment voué à l’échec: quand on propose à un internaute de payer 20 euros un bout de plastique qu’il ne peut même pas lire dans sa voiture ou sur son ordinateur, à l’époque où les chaînes hi-fi sont une espèce en voie de disparition, l’idée ne semble pas lumineuse. L’industrie a donc du faire marche arrière sur les DRM, avec les formats, c’est son second échec… les deux sur des mesures purement techniques.

Le téléchargement c’est tout sauf du vol

Un vol entend une soustraction, dans le cadre d’un échange sur Internet, le bien, dématérialisé, est dupliqué, et non soustrait. Ce fait, à lui seul, tend à démonter tout « vol », il n’y a pas soustraction, mais multiplication. Mais approfondissons un peu…

Le droit d’auteur (et non le copyright, même si depuis la Convention de Berne, les frontières entre droit d’auteur et copyright tendent à s’estomper), dit imprescriptible et inaliénable, se compose d’un droit dit moral (c’est lui qui est imprescriptible et inaliénable) et de droits dits patrimoniaux. Pour faire simple (mes compétences juridiques sont très limitées), le droit moral assure à l’auteur la reconnaissance de la paternité de l’œuvre tandis que les droits patrimoniaux font directement référence à son exploitation commerciale. Dans le cadre de la propriété littéraire et artistique, nous ajouterons à ceci les droits voisins qui couvrent les droits des interprètes et des producteurs et afférent également à l’exploitation de l’œuvre.

Un téléchargement (une copie) n’est pas une expropriation, l’auteur conserve la jouissance pleine et entière de ses droits moraux. Preuve de la cupidité et surtout du misérabilisme auquel certaines industries culturelles sont habituées, la France a officialisé fiscalement le « droit à la copie privée » en instituant une taxe sur les supports vierges. Attention cependant, la copie privée est une exception au droit d’auteur et comme toute exception, elle n’a pas pour vocation à devenir la règle. Seul problème, sur les plusieurs centaines de millions d’euros perçues, les artistes n’en ont pas vu la queue d’un.

Jusque là, les aspects juridiques n’avaient servi qu’à une chose : protéger les mesures techniques… et jusque là … c’est un FAIL sur toute la ligne. Il faut donc changer de stratégie.

ACTA : an 3 de l’Internet sale

Avec l’ACTA, on rentre dans l’an 3 de cette guerre perdue d’avance.

On passe d’une stratégie globale que l’on appliquait aux fabricants, à une stratégie globale applicable localement par des Etats souverains en brandissant le bâton des mesures de rétorsion économique… ce qu’on appelle pudiquement le libre échange en économie.

C’est malin, mais là encore ce ne sera pas suffisant. Le document de travail publié par La Quadrature du Net montre que le Japon et et les USA sont les deux locomotives de ce projet et n’hésitent pas à faire pression sur les Etats pour rendre les fournisseurs d’accès responsables de ce qui transite sur le réseau. Cela porterait un coup fatal à la neutralité du Net, principe fondateur du réseau qui, s’il venait à être remis en cause, modifierait profondément la nature de l’Internet tel que nous le connaissons. Je vous invite à écouter, une fois de plus, la définition que Benjamin Bayart donne de la neutralité du Net avec des mots intelligibles par tous.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

> A la question « Sommes nous capables de poser un dôme opaque sur un pays car le soleil est une concurrence déloyale aux producteurs d’électricité » … la France dit oui … c’est notre exception culturelle à nous, les « créateurs de possible ».

> A la question « Pouvons nous poser un dôme opaque sur plusieurs pays ? », la réponse est oui

> A la question « Pourrons nous quand même voir le soleil malgré le dôme ? », la réponse est oui

> A la question « Pouvons nous créer un réseau alternatif et délaisser un Internet non neutre au profit d’un réseau lourdement chiffré et impossible à surveiller ? », la réponse est oui, il en existe déjà plusieurs

Pourquoi l’ACTA ?

ACTA n’est ni plus ni moins qu’une réponse protectionniste à des difficultés économiques rencontrées par les USA, la Chine commence à faire peur et les USA travaillent donc leur point fort: leur industrie culturelle, et ils entendent bien jouer de tout leur poids. La position du Japon est de marcher main dans la main avec les USA, et pour cause, le pays du soleil levant dispose d’une énorme industrie des biens culturels (si je vous dis consoles de jeux ?).

La Chine de son côté n’est pas vraiment concernée, il faut dire que le gouvernement chinois n’a pas attendu les ACTA pour filtrer Internet et que du coup, la Chine ressemble plus à un gros LAN qu’à l’Internet. Le piratage est loin d’être le problème du gouvernement chinois, il préfère surveiller et enfermer ses opposants, filtrer Twitter ou Facebook.

Les USA et le Japon ont un poids encore considérable sur l’économie mondiale, ils sont donc bien armés pour entrainer quelques pays dans leur vision du nouveau cyber ordre mondial, un monde où le copyright et les brevets porteraient atteinte à la neutralité du Net, et donc comme l’a souligné le Conseil Constitutionnel en France, porteraient de fait atteinte à la liberté d’expression, à la liberté d’entreprendre (un Internet filtré est le meilleur moyen de créer une importante distorsion à la libre concurrence).

Il y aura forcément de la casse avec ACTA, les USA et le Japon entraineront avec eux les pays qu’ils tiennent économiquement dans le creux de leur main, si l’Europe courbe l’échine, c’est qu’elle dit oui à un Yalta de l’Internet dans lequel les valeurs qu’elle défend seront allègrement piétinées par des société privées.

Article initialement publié sur le blog de Bluetouff

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ACTA : le bash des eurodéputés à Strasbourg http://owni.fr/2010/03/11/acta-le-bash-des-eurodeputes-a-strasbourg/ http://owni.fr/2010/03/11/acta-le-bash-des-eurodeputes-a-strasbourg/#comments Thu, 11 Mar 2010 12:06:53 +0000 Bluetouff http://owni.fr/?p=9868 acta lolDe mémoire d’eurodéputé, rarement un clash aura été aussi violent dans l’enceinte du Parlement Strasbourgeois que celui de mardi dernier. ACTA (Anti-Counterfeiting Trade Agreement), le traité international de lutte contre la contrefaçon négocié secrètement depuis 2007 a du essuyer les salves des eurodéputés, particulièrement remontés contre la Commission et tout particulièrement le commissaire européen au Commerce, Karel de Gucht qui s’est défendu comme il a pu : “Nous négocions cet accord pour améliorer la protection de l’innovation, pour protéger notre économie” .

Attaqué aussi bien sur la forme que sur le fond, des eurodéputés ont fait référence lors de leurs interventions à des mesures inscrites dans les documents qui ont fuit il y a quelques semaines et qui ont soulevé l’indignation de nombreuses association de défense des droits de l’homme : « L’Union européenne va-t-elle soutenir le contrôle aux frontières des baladeurs MP3 et des ordinateurs portables ? » s’est interrogé Kamall Syed, conservateur britannique.

ACTA, de l’aveu de ses négociateurs, comporte des mesures inacceptables « qui feraient quitter la table des négociations » si elles étaient rendues publiques. La fronde des députés européens s’est finalement traduit hier par un vote à une écrasante majorité : de 633 voix contre 13 pour que le contenu du traité soit rendu public.

Des eurodéputés ont également demandé l’interruption des négociations tant que le contenu du traité n’aura pas été rendu public.

Rappelons qu’ ACTA vise à instaurer une série de mesures pour lutter contre le piratage au niveau mondial en instaurant un mécanisme de riposte graduée se passant de l’accord d’un juge ou de mettre en place des dispositifs de filtrage étendus aux infrastructures des fournisseurs d’accès ou aux terminaisons des réseaux, soit dans les box des abonnés comme c’est déjà le cas en Allemagne mais où ceci est très encadré par la justice et uniquement dédié à des crimes graves.

ACTA est d’autant plus anachronique qu’en France, sa petite soeur, HADOPI, est déjà le fiasco qui avait été prédit :

> Toujours pas de décret d’application : comment faire appliquer une loi inapplicable ?

> Un gouffre financier : n’en déplaise à SAWND qui annonçait récemment sur son blog qu’HADOPI allait contribuer à renflouer les caisse de l’Etat en annonçant des chiffres (très drôles de 1000 coupures par jour et des amendes de 1500 euros, en omettant par exemple totalement le coût des procédures judiciaires pour le contribuable sur les faux positifs que j’évalue personnellement à plus de 50% grâce au concours des fournisseurs d’accès).

> Des études qui démontrent que le téléchargement de contenus copyrightés est toujours en hausse et que les téléchargeurs migrent allègrement là ou HADOPI ne pourra venir les chercher.

Plus d’informations sur le site de la Quadrature du Net

> Article initialement publié sur le blog de Bluetouff

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